La solidarité grandit autour du Belgo-Marocain Ali Aarrass injustement détenu au Maroc
L’affaire Ali Aarrass – du nom du Belgo-Marocain condamné au Maroc à douze années de prison et détenu à la prison de Salé – continue de mobiliser en Belgique les organisations des droits de l’Homme qui dénoncent les actes de torture et les mauvais traitements qu’il subit. Le Makhzen tente de désamorcer cette mobilisation en pratiquant, comme à son habitude, la désinformation, en vain. Hier, mercredi, une centaine de personnes ont participé à un sit-in devant le ministère des Affaires étrangères à Bruxelles, en solidarité avec Ali Aarrass pour exiger des autorités belges qu’elles mettent en œuvre l’assistance consulaire (une visite par semaine) à leur ressortissant qui en a le droit, puisqu’il dispose de la double nationalité. Une délégation de participants au sit-in a été reçue par les représentants du ministère et leur a fait voir une vidéo qui montre les marques de mauvais traitement sur le détenu. L’assistance consulaire décidée par la justice belge n’a pu avoir lieu à cause de l’opposition du Maroc qui entrave cette démarche alors qu’elle prend maintenant un caractère urgent. Ali Aarrass, en effet, est en grève de la faim depuis le 25 août, pour faire admettre son innocence et protester contre la torture et les mauvais traitements. Il a encore plus besoin de l’assistance consulaire des autorités belges du fait de son état de santé détérioré (intenses douleurs aux reins et au foie et maux de tête insupportables, tout le temps allongé, selon les derniers témoignages). Dans un entretien au quotidien belge La Libre Belgique, Farida Aarrass rapporte que son frère «était fortement amaigri, il disait ne plus pouvoir uriner et n’avaler de l’eau ou des tisanes que lui préparent ses codétenus que par petites gorgées». Elle fait savoir que «depuis plus d’une semaine, nous n’avons plus de nouvelles du tout». Ali Aarrass ne peut même plus se déplacer en chaise roulante pour aller à la cabine téléphonique prendre les appels de sa sœur. Elle lance un appel au secours pour que son frère soit «emmené de toute urgence à l’hôpital pour qu’on puisse le sauver», comme l’ont prescrit les médecins de la prison. Mais le Makhzen impose à l’administration pénitentiaire de ne rien faire pour améliorer la situation du détenu, comme s’il cherchait à le neutraliser définitivement par la mort. Pour sa sœur, «cela arrange le Maroc de le voir mourir. Il est devenu gênant parce qu’il a eu le courage de dénoncer la torture qu’il subissait». De son côté, l’Etat belge donne l’impression de temporiser en espérant voir aboutir la procédure de cassation du jugement qui l’oblige à accorder l’assistance consulaire à Ali Aarrass. Il n’y a visiblement pas une intention ferme d’amener le Maroc à accepter que le consul belge rende visite au détenu belgo-marocain. Mais les partisans des droits de l’Homme mobilisés, en Belgique, autour du comité de soutien à Ali Aarrass, maintiennent leur pression sur les autorités belges. Ali Aarrass, rappelons-le, a été arrêté en avril 2008 à Melilla, enclave espagnole en territoire marocain, puis extradé vers le Maroc en 2010, et jugé et condamné en 2011, à partir d’une accusation d’«appartenance à un groupe ayant l’intention de commettre des attentats terroristes», basée sur des aveux extorqués sous la torture. Cette pratique est courante au Maroc comme le prouvent les nombreux cas enregistrés par les institutions internationales et les organisations des droits de l’Homme à partir de témoignages de militants sahraouis emprisonnés arbitrairement à cause leurs activités pour le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance du Sahara Occidental.
Houari Achouri