Ali Benflis : «L’Algérie est une terre qui ne cède ni au chantage ni à l’intimidation»

Le président du parti Talaiou El-Houriyet revient, à partir de Sétif, où il a installé le bureau régional, sur l’évolution de la situation politique, économique et sociale en Algérie. Dans une allocution prononcée aujourd’hui samedi devant un parterre de militants, Ali Benflis a relevé «avec regret» que rien n’a évolué dans ce pays depuis la tenue du congrès constitutif de son parti. Il décrit ainsi un pays sans boussole, un pouvoir qui excelle dans l’improvisation et qui fait preuve de manque de vision et de cohérence. «J’avais mis en garde en juin dernier contre les retombées incalculables de cette impasse et les périls qu’elle faisait peser sur le pays tout entier. J’aurai souhaité avoir un autre constat à vous faire. Malheureusement, la réalité est là. Ce que j’ai à vous dire ne surprendra personne parmi vous, car chacun d’entre vous lit, voit et écoute et ce qui lui parvient n’augure rien de bon pour notre pays», a déclaré Ali Benflis, qui enchaîne en soulevant plusieurs interrogations. «Que peut attendre notre pays de rassurant d’une vacance du pouvoir qui laisse le pays sans chef, sans source d’inspiration et de direction et sans centre de décision connu et visible ? Que peut attendre notre pays de constructif d’une vacance du pouvoir qui a mis les institutions et l’administration publique dans un état de quasi-léthargie ? Que peut attendre notre pays de satisfaisant d’une vacance du pouvoir que des forces extra-constitutionnelles, c'est-à-dire des groupes d’intérêt, d’influence et de pression, s’empressent de combler en fonction de leurs seuls soucis et de leur seule préoccupation ? Que peut attendre notre pays d’apaisant d’une vacance du pouvoir qui dégénère en ce moment précis en ce que j’ai appelé « une épuration politique pour crimes de non-allégeance » ? », s’est-il demandé. La réponse pour Ali Benflis est toute simple. «Dans le contexte de cette vacance du pouvoir qui devient de plus en plus intenable et insupportable, le discours politique du régime en place se durcit et verse dans l’inconvenant et devient blessant et méprisant», a-t-il relevé, considérant que «le régime politique en place menace, accuse, intimide et pense pouvoir bâillonner, ligoter et bander les yeux de tous ceux qui se sentent un devoir et une responsabilité d’appeler l’attention de notre peuple sur ses échecs, ses errements et ses défaillances». L’ancien chef de gouvernement estime que «le régime en place se trompe de lieu et d’époque. Il se trompe de lieu, car nous sommes sur la terre d’Algérie, une terre qui ne cède pas au chantage, qui refuse l’intimidation et qui ne sait pas ce qu’est la peur». Commentant encore les pratiques du pouvoir, Benflis persiste à dire que le régime de Bouteflika «se trompe d’époque, car nous vivons au XXIe siècle et en ce siècle, les pays et les peuples ne se gouvernent plus par les diktats, par les faits accomplis et par les injonctions. Les peuples et les pays de ce nouveau siècle ont des droits dont ils entendent jouir pleinement et parmi ces droits, il y a ceux de donner ou de retirer leur confiance à leurs gouvernants, de juger leurs performances, d’approuver ou de critiquer les mesures et les décisions qu’ils prennent et de leur demander régulièrement des comptes». Pour lui, le moment où le peuple demandera des comptes aux gouvernants viendra inéluctablement. «S’il ne le sait pas ou s’il semble l’avoir oublié, rappelons au régime politique en place qu’un peuple comme le nôtre et un pays comme le nôtre ne se dirigent que par la confiance, la persuasion et la crédibilité. Toute autre recette que celle-là –que le régime croit à tort avoir trouvée – relève de l’illusion et est vouée à l’échec», a-t-il averti, considérant que la vacance du pouvoir dont il ne cesse de parler «fait tant de mal au pays et voit ses effets décuplés par l’illégitimité des institutions». «Ces effets sont grandement dommageables pour le système politique lui-même et pour le pays tout entier. Leur illégitimité affaiblit les institutions», estime le président de Talaiou El-Houriyet. Ali Benflis rappelle ainsi que seule une transition démocratique est à même de faire sortir le pays de la situation actuelle qui hypothèque son avenir. Il affirme que son parti est porteur d’un grand projet politique. «Mais le meilleur projet politique du monde restera de l’encre sur du papier s’il n’est pas porté et propagé par l’ensemble de nos militantes et de nos militants », a-t-il soutenu, s’engageant ainsi à continuer la structuration du parti jusqu’à ce qu’il soit présent dans les 1 541 communes.
Rafik Meddour
 

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