Interview-Le vice-président du FCE Mohamed Baïri : «Nous ne faisons pas de politique»
Algeriepatriotique : Le FCE a annoncé la création d’une organisation appelée «La qualité algérienne garantie». En quoi consiste ce projet ?
Algeriepatriotique : Le FCE a annoncé la création d’une organisation appelée «La qualité algérienne garantie». En quoi consiste ce projet ?
Mohamed Baïri : Le lancement officiel de ce projet se fera le 4 novembre à l’hôtel El-Aurassi. Il consiste en un label OAG (Origine Algérie garantie) pour identifier le produit algérien, par rapport à un taux d’intégration, à une qualité, etc. Pour ce faire, le FCE a fait appel à un grand cabinet international. Le but du produit labélisé est de pousser les citoyens à consommer les produits locaux, mais il faut qu’il y ait une identification. Les gens doivent savoir ce qu’ils consomment, comme cela existe partout dans le monde.
La secrétaire générale du Parti des travailleurs ne cesse de s’attaquer au FCE. Pourquoi, selon vous ?
Aujourd’hui, le FCE est le seul qui travaille sur le terrain et fait des propositions. Bonnes ou mauvaises, dans un débat démocratique on se doit d’en débattre. Les gens qui ne produisent rien se contentent de critiquer. Nous avons remarqué que certains partis politiques jouent aux journalistes. Ils ne font que commenter le travail des autres. C’est vraiment malheureux ! Nous aurions souhaité avancer, car ce pays appartient à tous. Nous sommes tous des Algériens et il n’y a pas un plus qu’un autre. Nous avons tous la fibre patriotique. Ce que souhaite le FCE, c’est de créer un vrai débat. Nous les avons invités plusieurs fois. S’il y a des choses qui ne leur conviennent pas, qu’ils le disent. Qu’on en discute tous autour d’une table. Nous attendons leurs propositions. Ce n’est pas en critiquant qu’on arrivera à quelque chose. Quand certains politiciens avaient besoin des hommes d’affaires et de leur argent pour faire leurs meetings et leurs campagnes électorales, ces hommes d’affaires étaient considérés comme des gens bien et, aujourd’hui, parce qu’ils veulent que les choses bougent et faire avancer l’économie du pays, ils deviennent des oligarques. Le chef d’entreprise rencontre beaucoup de problèmes dans le domaine de son activité, tels que la bureaucratie, le foncier, etc. Au lieu de réfléchir à développer son produit, son marché, et de s’occuper de son activité réelle, il passe son temps à régler les problèmes bureaucratiques. Nous avons juste demandé à libérer les initiatives des entreprises. La politique n’a jamais été le rôle ni la conviction du FCE. Nous sommes là pour travailler avec le gouvernement, et ce, avec n’importe quel gouvernement en place. Dans les pays développés, les chefs d’entreprise travaillent avec la gauche et la droite pour un seul but, développer l’économie du pays. C’est notre rôle. Je ne comprends pas l’agitation et les critiques démesurées et le fait qu’on nous traite d’oligarchie. Un terme qui ne correspond pas à ce qui se passe en Algérie, d’ailleurs.
Ces attaques expliquent-elles que vous touchez à certains intérêts ?
Nous ne touchons à aucun intérêt et ce n’est pas notre objectif de toucher aux intérêts de quiconque. Notre rôle, encore une fois, c’est de libérer les initiatives. Aujourd’hui, nous souhaitons, et nous l’avons dit clairement, que l’article 37 de la Constitution soit appliqué : libérer l’acte d’entreprendre et de commercer. Voici où se situe notre combat. Nous ne sommes pas restés les bras croisés et avons établi, en collaboration avec des experts, toute une documentation qui a été remise au Premier ministre, portant contribution du FCE pour l’émergence de l’économie algérienne. Ce n’est pas un travail comme nous avons l’habitude de voir, présenté par des experts en complet déphasage avec la réalité.
Par rapport à cette contribution, avez-vous eu des échos ?
C’est un document qui a été bien accueilli. Nous avons eu des réponses et c’est à partir de là que le débat doit se construire sur l’ensemble des problèmes. Sur un plan d’urgence et afin d’amener le pays vers l’émergence. Certaines propositions sont appliquées à moitié, mais le plan d’urgence que nous avons proposé doit être mis en œuvre dans sa globalité, sinon, nous n’aurons pas le résultat escompté.
Le FCE est-il aussi alarmiste que certains experts à propos de la crise actuelle que traverse le pays suite à la chute des prix du pétrole ?
Les alarmistes sont les adeptes du statu quo et de l’immobilisme. Nous sommes obligés de travailler et non pas rester les bras croisés. La crise, il faut l’affronter. Comment ? Par le travail qui est la seule clé de la réussite. Nous n’avons pas peur. Il y a des pays qui sont dans des situations pires que celle que vit l’Algérie et qui s’accrochent. Dieu merci, nous n’avons pas de dette extérieure et il suffira de peu pour démarrer la machine.
Les concessionnaires automobiles ont été surpris par le blocage de leurs importations suite au nouveau cahier des charges relatif à l’exercice de leur activité. Le problème est-il réglé ?
Oui, le problème a été réglé et tout est rentré dans l’ordre. Nous sommes dans la phase d’adaptation au nouveau cahier des charges avec l’homologation des véhicules et l’importation de prototypes. Nous avons demandé un numéro pour l’attribution provisoire. Une fois le prototype réceptionné, on obtiendra un numéro d’homologation définitive et à ce moment-là, nous importerons le plus normalement du monde. Il y a eu un flottement de six mois, à peu près, où il y a eu un arrêt brutal des importations pour s’adapter au nouveau cahier des charges. Il y a eu beaucoup d’incompréhensions, mais maintenant, les choses commencent à se décanter.
Les licences d’importation ont été au menu du conseil du gouvernement de mercredi passé. Le véhicule est l’un des produits concernés, dont l’entrée sera limitée à 400 000 unités par an. Si ce chiffre est maintenu, pensez-vous que cela couvrira les besoins du marché de l’automobile en Algérie ?
Tout d’abord, la licence d’importation est une bonne initiative, car, aujourd’hui, cela nous permettra d’évaluer exactement les besoins du marché de l’automobile. Pendant l’arrêt de six ou sept mois des importations des véhicules, le marché des ventes n’a pas baissé de manière significative, mis à part quelques modèles. Les statistiques nous donnent une baisse des ventes entre 17% et 18%. Pour ce qui est de la baisse des importations, elle est plus importante. Cela veut dire que nous importions plus que nous vendions. Je pense qu’il faut être un peu patriotique (comme l’indique le nom de votre journal) et avoir la fibre nationaliste, et se dire qu’il ne faut pas importer des produits que nous n’allons pas utiliser et stocker, parce que la devise nous vient des hydrocarbures. Pour ce qui est du chiffre de 400 000 véhicules, je pense que c’est un chiffre important. 400 000 véhicules c’est beaucoup et je pense que dans ce cas, nous n’avons pas besoin de licences d’importation. Je pense que ce chiffre a été rectifié par l’ancien ministre du Commerce. Nous n’avons aucune idée du volume global arrêté. Nous attendons avec impatience de connaître la part des véhicules industriels, celle des véhicules utilitaires et du tourisme. Honnêtement, je n’ai aucune information là-dessus.
Les importations automobiles en Algérie ont baissé de 23,58%, sur les huit premiers mois de l’année, comparativement à la même période de l’année précédente. Le groupe Ival est-il concerné par cette baisse ?
Je pense que c’est un peu plus. Une baisse de 30% environ sur les sept mois précédents. Cela veut dire qu’il y a une baisse dans la facture des importations puisque le gouvernement a annoncé une baisse de 1,3 milliard de dollars ; cela est une bonne chose pour le pays. Maintenant pour ce qui est d’Ival, non, le groupe n’a pas été vraiment touché, car nous sommes dans le véhicule industriel qui n’est pas un marché où il y a un volume aussi important que dans celui de la voiture de tourisme.
Pour ce qui est de l’investissement, votre groupe vient de se lancer officiellement dans l’industrie automobile en partenariat avec des opérateurs étrangers. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Ival s’est lancé tout seul dans ce projet et avec ses propres moyens financiers. Il y a un accompagnement du constructeur pour qui nous représentons la marque en Algérie depuis 18 ans. Iveco est une grande marque internationale, installée dans plus de 26 pays.
Vous êtes le fondateur de l’Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A) dont l’un de ses objectifs est la mise en place d’un cadre juridique avec les autorités pour permettre aux concessionnaires la vente des voitures d’occasion. Où en est ce projet ?
C’est un dossier qui est en cours de traitement par l’AC2A. Une demande a été formulée dans le cadre de la reprise du marché de l’occasion. Un problème reste en suspens. Le particulier achète son véhicule en TTC et quand vous le rachetez, vous payez pratiquement le net en TTC. Seulement, une fois que ce véhicule est mis en vente suite à un contrôle ou à une mise en conformité, il y a une plus-value qui s’ajoute. Nous avons souhaité payer la TVA uniquement sur la plus-value et non pas sur l’ensemble du véhicule, du moment qu’elle a déjà été payée initialement par le client. Nous attendons toujours une réponse par rapport à cela. Il est clair que la vente des voitures d’occasion est un marché qui échappe à tout contrôle en matière de fiscalité et l’Etat a besoin de capter ce flux d’argent qui circule dans le marché de l’occasion.
Le retour au crédit à la consommation, qui devrait être effectif dans quelques jours, se limitera aux produits fabriqués localement. Quel est votre avis là-dessus ?
Je trouve que c’est une bonne chose. C’est également pour inciter les investisseurs à produire avec un taux d’intégration assez appréciable. Je crois que tout ce qui peut amener à développer la production nationale est à encourager.
Vous qui êtes dans le domaine, pouvez-vous nous dire pourquoi la Symbol «made in Algeria» n’a pas la faveur de tous ? Le fait qu’elle ne se vende pas en Europe fait-il d’elle une voiture dangereuse ?
La Symbol assemblée en Algérie est parfaitement adaptée aux normes algériennes et aux normes de quelques pays d’Afrique et du Maghreb qui sont dans le même cas de figure. En Europe, il y a une réglementation différente qui fait que la Symbol algérienne ne peut prétendre au marché européen. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas reprocher à un constructeur de faire un produit qui est destiné au marché algérien si son produit est conforme aux normes algériennes. Et c’est à l’Etat algérien de modifier les normes et, dans ce cas-là, modifier le modèle.
Propos recueillis par Mohamed El-Ghazi