Front de soutien à Bouteflika : Saïdani relance Ouyahia
Le secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, n’abdique pas. Malgré le manque d’adhésion à son initiative de créer un front national de soutien au chef de l’Etat, il continue à renouveler son appel, avec insistance, à la classe politique et à toutes les forces vives de la nation afin de le rejoindre dans l’«intérêt du pays». Aujourd’hui encore, Amar Saïdani a tendu sa main à son principal partenaire politique, à savoir le RND, et son secrétaire général par intérim, Ahmed Ouyahia. Dans une déclaration faite en marge d’une conférence à l'Assemblée populaire nationale (APN) sur la révolution du 1er Novembre 1954, Amar Saïdani s’est efforcé d’expliquer que «l’initiative du FLN est une initiative nationale qui a été présentée aux partis politiques, dont ceux de l'opposition, et aux associations nationales qui seront destinataires de correspondances dans les prochaines semaines». Le secrétaire général du FLN a beaucoup insisté sur le fait qu’aucune force politique n’est exclue. «L’initiative est ouverte à tous, et le RND fait partie de dizaines de formations politiques et peut user de son libre arbitre», a-t-il souligné. Amar Saïdani cherche par tous les moyens d’«accrocher» le RND à la «locomotive FLN». Dans une guerre de leadership menée en sourdine, le SG du FLN refuse ainsi d’être «un suiveur». Pour lui, l’initiative faite par Ahmed Ouyahia est «réductrice» de la popularité du chef de l’Etat. Il considère que le président Bouteflika est une sorte de patrimoine national qui appartient à tous les Algériens. Il est donc nécessaire, selon lui, d’impliquer «les organisations de la société civile dans cette initiative, eu égard à leur rôle dans l'édification de l'Etat civil». Amar Saïdani, qui a rejeté toutes les initiatives venues de l’opposition et même celle du RND, cherche vainement à s’imposer comme une force fédératrice de la classe politique nationale. Le SG du FLN n’oublie cependant pas de rappeler les «lignes rouges» à ne pas franchir. Il insiste sur le fait que la présidentielle est prévue en de 2019 et que sa formation présentera son candidat, et l’urne tranchera. Une réponse à ceux parmi l’opposition qui exigent une présidentielle anticipée. Amar Saïdani parle, par ailleurs, et pour la première fois, des crimes coloniaux, lui qui n’a raté aucune occasion de féliciter la France, notamment lors de ses fêtes nationales. «Si la France veut maintenir l'éthique dans sa République, elle se doit de reconnaître ses crimes commis contre les Algériens. Qu'ils soient historiens ou responsables, les Français doivent reconnaître les crimes commis par leur pays durant la colonisation française de l'Algérie», a-t-il martelé. Depuis son intronisation à la tête du parti, Amar Saïdani n’a pas parlé de crimes coloniaux.
Rafik Meddour