Quelle sécurité pour les câbles à fibre optique qui traversent la Méditerranée ?
L’Algérie a vécu pendant cinq jours une panne géante d’Internet, occasionnée par la coupure du câble à fibre optique international reliant Annaba à Marseille. Cette coupure, qui a pénalisé des millions d’Algériens et provoqué des pertes pour l’économie nationale, a marqué les esprits. Cet accident pose ainsi la problématique de la sécurité des liaisons à fibre optique entre l’Algérie et l’autre rive de la Méditerranée. Car les accidents comme celui de Annaba peuvent se produire à tout moment, tant la navigation maritime reste dense et les erreurs humaines se multiplient. Et il n’y a pas que les Algériens qui s’inquiètent de ce genre d’accident. Les Américains aussi craignent, en effet, selon le New York Times, pour leurs propres câbles, notamment en cas d’un conflit majeur avec la Russie. Toute la presse internationale a repris aujourd’hui les craintes de Washington pour ses câbles transatlantiques. Il y a tellement de navires et de sous-marins qui opèrent dans la mer et les océans que le risque d’un accident ou d’un acte de sabotage est omniprésent. «Alors que des sous-marins et des navires d'espionnage russes opèrent près des câbles de communication sous-marins vitaux pour l'Internet mondial, des responsables américains s'inquiètent des potentielles intentions de la Russie de couper les lignes en cas de conflit», a rapporté le New York Times. Bien que rien n'indique que des câbles aient déjà été sectionnés, les préoccupations américaines reflètent la méfiance accrue de Washington à l'égard des activités militaires russes dans le monde entier, selon le Times. La méfiance entre ces deux pays existe d’autres pays en Méditerranée et ailleurs. Les réseaux des télécommunications internationaux sont donc à la forêt de bateaux sous-marins qui «peuplent» nos mers et nos océans. Ce qu’il s’est passé avec le câble reliant Annaba à Marseille démontre ainsi la fragilité de nos réseaux de communications et le risque d’un black-out total à tout moment. Autrement dit, nos moyens de communications ne tiennent qu’à un fil au moment où l’on assiste, bouche bée, à la domination hégémonique des nouvelles technologies de l'information et de la communication. L’Algérie n’est pas à son premier accident du genre. En 2009, la même ligne fibre optique a été endommagée par l’ancre d’un bateau de transport de marchandises. Quelle sécurité pour nos câbles ? Quelle sécurité pour nos bandes passantes et nos autoroutes de communications virtuelles ? Autant de questions auxquelles il est encore difficile de répondre. Des questions qui restent sans réponse même aux Etats-Unis d’Amérique.
Rafik Meddour