Benflis : «Les objectifs du 1er Novembre n’ont pas été atteints»
Le président de Talaïou El-Houriyat, Ali Benflis, considère que l’Algérie, 61 ans après le déclenchement de la Révolution, a complètement «dévié de l’esprit du 1er Novembre». Dans une intervention faite lors d’une rencontre sur l’histoire organisée aujourd’hui par le parti El-Islah, l’ancien chef de gouvernement et fils de chahid estime que l’objectif de la Révolution n’a pas été atteint. «Nous avons dans la Déclaration du 1er Novembre un héritage inépuisable, mais aussi un lourd fardeau à assumer à chaque fois que le pays a besoin de nous pour faire face aux crises multiples. Et notre pays traverse une grave crise. Ce qui met chacun de nous devant ses responsabilités», a-t-il souligné, relevant ainsi que l’Algérie «est dans l’impasse». «Notre pays fait face à la multiplication des échecs, des occasions manquées et des défis à relever. Des défis qui deviennent de plus en plus complexes. Tout retard dans le traitement de la crise fait augmenter son coût pour la société et le pays», a-t-il prévenu, insistant sur l’esprit de la Déclaration du 1er Novembre et son sens. «Il y a dans la révolution du 1er Novembre plusieurs messages. Et le plus emblématique est le fait d’avoir balisé le terrain pour l’avènement d’un Etat démocratique et social dans le cadre des préceptes de l’islam. C’est le message le plus noble de cette révolution que personne ne peut falsifier ni déformer», a-t-il soutenu, estimant que «la construction d’un Etat démocratique est donc un devoir pour nous». «La Révolution a été déclenchée pour la fondation d’un Etat de droit. Un Etat qui protège et garantit les droits de tout le monde. Est-ce que cet Etat de droit, rêvé par nos martyrs, existe dans l’Algérie d’aujourd’hui ?» s’est demandé le président de Talaïou El Houriyat selon lequel «la réalité de notre pays est malheureusement tout autre : monopole du pouvoir, marginalisation, élimination et exclusion de tous les contre-pouvoirs». L’ex-candidat à la présidentielle de 2014 a fait état «de la répression, l’atteinte aux libertés et de la privation du citoyen de tous droits fondamentaux». Ali Benflis parle aussi de la souveraineté nationale perdue dans un contexte de fortes pressions internationales et de dépendance totale du marché extérieur. «La révolution de Novembre a été déclenchée pour retrouver la souveraineté nationale. Y a-t-il aujourd’hui une souveraineté dans un pays fragilisé politiquement par la vacance du pouvoir, saigné par un manque de légitimité et affaibli davantage par sa dépendance économique des seules recettes en hydrocarbures ?» s’est-il interrogé. Pour lui, l’Algérie a raté trop d’occasions de se hisser au rang des puissances émergentes et sortir de son sous-développement abyssal.
Rafik Meddour