Claudine et les autres…
Par Kamel Moulfi – Le décès de Claudine Chaulet nous rappelle que l’on pouvait porter ce prénom, et être une moudjahida dans la lutte de Libération nationale. Plus que cela, les Algériens sont maintenant nombreux à le savoir : des femmes et des hommes de confession chrétienne, nés en Algérie ou en France, se sont mis spontanément et consciemment du côté de la cause algérienne, en y prenant part activement, particulièrement dans la logistique, où ils ont apporté un soutien précieux, comme l’ont fait Claudine et son mari Pierre Chaulet. Ils sont sans doute les plus connus dans cette catégorie, mais ils n’étaient pas les seuls ; il y a eu l’abbé Berenguer, qui fut le représentant du FLN en Amérique latine, le père Jean-Baptiste Scotto, curé de Belcourt, chez qui étaient imprimés les tracts du FLN, aidé par son «complice», l’abbé Jean-Charles Barthez, prêtre à la paroisse d’Hussein-Dey. Qui se souvient – complètement anonymes – des pères blancs jugés par un tribunal colonial sous l’accusation d’avoir hébergé Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda, recherchés par l’appareil de répression ? Qui a entendu parler des sœurs blanches de Birmandreïs (Bir Mourad Raïs) et du couvent des Clarisses de Notre Dame d’Afrique ? Elles ont aidé les membres des réseaux de fidayine. Heureusement, les patriotes qui ont rédigé la déclaration du 1er novembre 1954 n’avaient pas d’ornières et ne connaissaient pas le sectarisme. Ils ont inclus dans le texte fondateur de la lutte armée pour l’Indépendance, un principe qui ne souffre d’aucune ambiguïté concernant le projet de société qu’ils envisageaient une fois la souveraineté du pays reconquise : «Respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions». On trouve, concentrées dans cette petite phrase, les valeurs qui ont guidé l’engagement de nos courageux moudjahidine. Certes, des attitudes sectaires ont conduit certains «égarés», il y en avait à l’époque, à frapper dans tous les sens dans leurs propres rangs, dans les maquis, mais il s’agissait de dérives et non de la ligne directrice. Fait symbolique : Claudine Chaulet sera inhumée au cimetière chrétien d’El-Madania, où reposent son mari Pierre et un martyr de la Révolution, nommé Henri Maillot.
K. M.
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