Déclaration finale de la réunion de Vienne : les pays ennemis de la Syrie avouent leur échec
La réunion de Vienne sur la crise syrienne a finalement évacué tous les points de discorde qui continuaient à diviser les soutiens de la rébellion d’un côté, Etats-Unis, Turquie et Arabie Saoudite, et les alliés traditionnels de la Syrie, Russie et Iran. Mais dans l’ensemble, l’option défendue par Moscou a largement prévalu, puisque l’essentiel des neuf points que contient le document est à l’avantage de Damas. Le dernier round de discussion a été élargi aux représentants de treize autres acteurs, dont l’ONU, l’Union européenne, la France et le Qatar. Ces deux derniers n’ayant pas été admis dans le premier cercle qui comprenait cinq pays, alors que les deux étaient toujours considérés comme des acteurs-clés du conflit syrien. Selon la déclaration finale rendue publique vendredi soir, les participants mettent en avant l’impératif d’une solution politique «en accélérant les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre». Le texte met en exergue «la préservation du caractère laïc de l’Etat syrien» et «le maintien de ses institutions». Plus fondamentalement, les signataires affirment la nécessité de conjuguer les efforts pour «vaincre Daech et autres groupes terroristes classés par le Conseil de sécurité de l’ONU». On sait que les Nations unies ont classé comme organisations terroristes activant en Syrie au moins trois sigles : Etats Islamique, Front Al-Nosrah et Ahrar Al-Châm. Or, ces trois organisations forment l’essentiel des groupes armés qui combattent l’armée syrienne depuis plus de quatre ans. Par ailleurs, la déclaration a non seulement exclu le préalable du départ de Bachar Al-Assad, comme le défendent Paris, Doha et Riyad, mais a surtout insisté sur la liberté de choix laissé au peuple syrien de «déterminer son avenir». C’est ce que le gouvernement syrien a défendu pour répondre à ceux qui réclamaient le départ immédiat du président. Si les participants ont esquissé un plan de sortie de crise à travers un processus politique, des élections générales sous l’égide de l’ONU, la formation d’un gouvernement de transition «non confessionnel» et l’élaboration d’une Constitution, ils n’ont fixé aucun calendrier précis ni précisé les parties avec lesquelles ce processus devrait être mené. Ce qui n’exclut pas les membres de l’actuel gouvernement. Quelques heures avant la clôture de la réunion élargie, plusieurs médias et chaînes de télévision arabes notamment avaient fait circuler la rumeur selon laquelle l’Iran aurait accepté l’idée d’un départ de Bachar Al-Assad dans six mois. Alors qu’en vérité, ce n’était que le vœu de certains participants qui ont tout fait pour essayer d’imposer cette clause, en vain.
R. Mahmoudi