Le Dr Arab Kennouche à Ould Kablia : «Vous avez commis le deuxième assassinat d’Abane Ramdane !»
Vous venez par vos déclarations venimeuses et irresponsables de commettre le deuxième assassinat de Abane Ramdane, un grand révolutionnaire algérien, assassinat prémédité sans aucun doute possible, puisqu’il se produit le jour symbolique du 1er Novembre. On a du mal, après cet acte, à vous adresser la parole, mais ce sont les distances physiques qui obligent parfois à toujours privilégier les recours verbaux. En toute franchise, rien ne nous étonne venant de vous : sur votre visage, on ne peut lire qu’une chose, la lâcheté du félon qui vendrait un parent pour un plat de lentilles, alors que dire d’un personnage illustre qui vous fait tant d’ombre… Sur les multiples photos du passé sur lesquelles nos regards se posent, il y en a de deux types : celles qui respirent la vaillance, le courage, l’abnégation, l’innocence et le désintéressement ; je cite sans hésiter en faisant confiance à mon cœur qui s’éprend de ces visages angéliques et braves : Ben M’hidi, Ben Boulaïd, Krim, Ramdane, et toutes ces jolies femmes qui ont donné leur jeunesse pour une nation… Je n’oublie pas tous les autres, ces visages de la traîtrise, de la France coloniale, de la pourriture et du calcul de larbin, comme le vôtre, ou bien de ces messalistes reconvertis en centralistes à la bonne heure. Si vous voulez des noms, la liste est longue et malheureusement d’une odeur fétide qui remonte jusqu’au palais de la Présidence. Et ce sont les mêmes traits que les cinéastes de l’Hexagone ont dépeints sous le vocable heureux et si vrai d’indigène de la République française. La moustache trompeuse, le regard avide, d’une vivacité diabolique, soumis, le corps vermoulu, les mains filandreuses, vous appartenez au monde des grands traîtres de l’Histoire, depuis Judas jusqu’à Messali au moins… Mais il y eut de grands félons, si j’ose dire, qui savaient doser la ciguë et agir au bon moment pour un grand coup politique. Les gens de votre espèce nous renvoient par contre aux milliers de vermines et autres blattes de l’ordre colonial qui continuent de pulluler en Algérie, qui avec un rôle de mouchard, qui avec une fonction d’intello, ou de censeur de l’Histoire, qui encore avec le cigare bien pendant, lâchant du «oui missieu» hilarant pour les autres. Oui, cher indigène, il ne vous manque que les plumes sur la tête pour poser comme ces derniers comanches devant leurs maîtres tortionnaires en signe de reddition et d’acceptation de l’ordre yankee. Votre visage diffuse toute la fourberie du genre humain qui ose justifier un assassinat par des comportements inadéquats, des vétilles, du détail, comme si toute l’architecture de la Révolution et sa compréhension pouvaient se passer des qualités exceptionnelles de ce grand homme, sans qui, très certainement, vous ne pourriez pas voir, aujourd’hui, votre mère, ou votre sœur, autrement que comme des femmes violées par ceux-là mêmes qui vous protègent. Entre lui et vous cher indigène, il y a des mondes, des univers, des galaxies, entre son regard sans faux-fuyant et le vôtre chargé de rancune et de jalousie, on ne peut faire qu’une différence, qui est de taille, l’un ne s’est jamais rendu, l’autre ne sait pas où il va, qui il est, ce qu’il veut, il peut se rendre mille fois, cela ne serait jamais assez. Cher indigène de la République, par l’euphémisme de vos propos, vous avez tenté odieusement d’occulter le fait d’une élimination physique au sens propre du terme ; car pour qui connaît assez les subtilités du langage politique, Abane Ramdane fut d’abord victime d’une élimination. Vous-même, soyez-en sûr, cher indigène, on ne vous éliminera jamais, car les traîtres ne font jamais d’ombre, ils n’ont pas assez d’épaisseur, d’envergure, d’aura et d’importance stratégique, pour qu’on puisse les éliminer du plan de l’Histoire. On ne vous demandera jamais de bâtir une nation, un empire, une maison, un gîte, vous n’êtes là que pour piquer comme un crotale au bon moment et disparaître aussitôt dans les poubelles de l’Histoire. Votre rôle mesquin, petit, bas, venimeux ne vous octroie guère ce pouvoir de retourner le monde comme l’ont fait nos glorieux martyrs. Vous et vos sbires avez l’épaisseur de ces serpents à sonnette du désert, dont les yeux perfides n’éclairent que les consciences félonnes, qui guettent l’intérêt financier derrière chaque parole, chaque mot prononcé, chaque sifflement. Le seul langage que vous entendez est celui de l’intérêt matériel, comment donc pouvez-vous soumettre votre entendement aux rugissements du Lion ? Devant lui, il ne vous fixerait point, et vous retourneriez dans votre nid bien chaud, en cachant votre tête sous la pointe de votre queue tremblante. Cinquante années ont passé et auriez-vous encore besoin d’un Ferhat Abbas pour donner encore plus de crédit à votre persiflage dont la traîtrise n’a pas son pareil en ce jour de novembre ? Qui vous a ordonné de vous élancer de la sorte et de bomber les muscles de votre mâchoire pour projeter autant de venin dans le cœur des Algériens reconnaissants envers leur patrie ? Que recevrez-vous en contrepartie de cette injection perfide, vous qui étiez pourtant un ministre de la République ? Vous a-t-on préparé un grand nid bien chaud et profond où vous pourrez vous lover sans plus devoir supporter ce ghachi qui vous brise les tympans ? Mais détrompez-vous, cher indigène, en scrutant votre regard et celui d’Abane Ramdane, nous avons pu nous rendre compte, sans difficulté aucune, de la différence entre un assassinat et une élimination. Nous savons que ce regard mythologique n’a pu que vous rendre aveugle, il vous a subjugué avant même qu’il ne dise mot, c’est toute la différence entre ceux qui gênent sans le vouloir et ceux qui se sentent gênés et qui passent à l’action ! Oui, cher indigène, les Algériens ne sont pas dupes et ont compris qu’on ne peut pas justifier une élimination par des rugissements du héros national, vous-même qui insultez le peuple depuis des lustres et qui écartez l’idée même d’une remontrance. Venir nous dire, en ce jour de novembre que le Lion rugissait trop fort, et qu’il fallait l’abattre ne nous étonne guère, cher monsieur, c’est à l’avenant de ce que votre chère tutelle nous offre en plat de résistance depuis 1999. C’est du même acabit, des fléchettes empoisonnées qui paralysent le corps de la nation et l’enferment dans un autisme profond, lui à qui on propose de réécrire toute l’histoire algérienne à partir des archives militaires françaises. Les Algériens sont vaccinés contre vos déclarations pernicieuses, empoisonnées, séditieuses dont le but est de travestir définitivement l’histoire pour le compte de vos maîtres-souffleurs, ceux à qui vous vendriez, si c’était possible, le pays de votre mère. Les reptiles n’ont qu’une peau et leur sang est bleu. Soyez certains qu’à travers l’indigence calculée de vos explications, nous devinons toute la scélératesse de votre stratégie reptilienne qui consiste à occulter la grandeur d’une Révolution et à rendre banal le grandiose, celui que vous n’atteindrez jamais. Sachez, cher indigène, qu’on n’assassine pas les grands hommes, mais qu’on les élimine car ils sont trop importants. Vous vous êtes hissés à un rang qui ne vous sied pas par ce rôle de juge de l’Histoire, de pseudo-objecteur de conscience qui tente une vérité historique pour discréditer l’impact d’une révolution qui a brillé sur tous les continents. Votre venin ne tuera pas l’esprit de Novembre : vous avez éliminé Abane Ramdane, mais son esprit fait d’audace perdure dans nos consciences, il ne mourra jamais car il a atteint les cimes du sacrifice pour le peuple et Dieu. Alors, continuez à vous pâmer au son de cette flûte coloniale qui vous intéresse, vous, en propre, avant tout, pour tenter une ultime convergence et ascension vers les sommets de l’histoire épique, il ne restera que des paillettes flétries, et beaucoup de fiel dans votre cœur d’indigène en cravate fournie par la France. Les yeux abaissés du lâche que vous montrez sont trop apparents, trop parlants, pour qu’on s’éternise sur votre morsure. L’antidote de vos propos, c’est bien l’expérience et non la contre-attaque ; on retrouvera votre peau desséchée dans quelque désert, ou quelque gourbi d’Oujda ou d’ailleurs, comme toutes les autres qui nous entourent actuellement, et contre tous les regards qui nous gouvernent dans le déshonneur et la morsure, dans la honte et la menace, autant de visages fiers s’élèveront pour vous expliquer, une bonne fois pour toutes, la différence fondamentale entre un sifflement et un rugissement.
Dr Arab Kennouche