Huit groupes terroristes activant en Syrie félicitent Erdogan pour sa victoire aux élections
Huit groupes islamistes armés activant en Syrie ont rendu publique une déclaration commune pour saluer la victoire du Parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan, aux dernières élections turques. Les signataires, à leur tête le mouvement Ahrar Al-Cham, classé comme organisation terroriste par le Conseil de sécurité de l’ONU, estiment que «le progrès économique remarquable réalisé par la Turquie ces dernières années a fait d’elle le modèle le plus accompli d’Etat, des institutions, en même temps qu’une puissance mondiale émergente et un acteur régional incontournable». Ces groupes terroristes espèrent évidemment que, par cette victoire du parti islamiste en Turquie, le soutien multiforme que leur apporte le régime d’Ankara se poursuivra. «La Turquie, lit-on encore dans la déclaration, a démontré son soutien au peuple syrien dans son épreuve et à sa révolution, et a résisté à des pressions internes et externes pour l’amener à changer sa position, mais s’est montrée inflexible. (…) Dieu la bénisse et lui accorde Son agrément». Et de s’engager à instaurer dans l’avenir des relations «fraternelles» entre les deux peuples, syrien et turc, «après la disparition d’Al-Assad et de son régime». Ce soutien collectif et solennel de huit organisations terroristes qui forment avec le Front d’Al-Nosrah et de l’Etat islamique en Irak et en Syrie (Daech) l’essentiel de la mosaïque djihadiste qui sème le chaos en Syrie depuis plus de quatre ans dévoile très clairement la collusion entre les terroristes en Syrie et le régime islamiste d’Ankara. Alors que, officiellement, le gouvernement d’Erdogan a toujours nié son implication dans le projet de destruction du pays voisin, en prétendant, tout comme Paris, Washington ou Riyad, n’avoir de relations qu’avec l’opposition dite «modérée». Mais des enquêtes ont révélé que la Turquie a servi pendant des années comme zone de transit pour les contingents de mercenaires étrangers venus commettre des actes terroristes en Syrie, et que les services secrets turcs continuent à aider les terroristes en matière d’instruction, de logistique et de renseignement. Damas a maintes fois accusé le régime d’Ankara d’alimenter la violence en Syrie et d’entraver toute solution politique à la crise. Depuis l’intervention de l’armée russe dans ce pays et la relance du processus de paix sous l’égide de Moscou et Washington, la Turquie se retrouve de plus en plus isolée sur la scène régionale. Dans le même temps, elle doit faire face au spectre de la guerre civile qui menace le pays et à un risque d’enlisement sérieux dans le bourbier syrien : d’abord avec la crise des réfugiés dont elle est la première responsable ; ensuite, avec la recrudescence des attentats terroristes, à l’image de celui qui a fait 95 morts dans la capitale, le 10 octobre dernier.
R. Mahmoudi