Rituels libyens
Par R. Mahmoudi – La situation en Libye connaît une dangereuse régression depuis le départ précipité de l’ancien envoyé spécial de l’ONU, Bernardino Leon, qui a été remplacé au pied levé par l'Allemand Martin Kobler pour cette mission impossible. Du coup, la violence a repris le dessus et le règne des milices est venu combler à nouveau l’absence d’autorité dans ce pays, en commençant, comme dans un rituel qui n’émeut plus personne, par séquestrer un ministre, celui de la Planification, au siège même de son département. Il y a quelques semaines, c’est tout un Conseil des ministres qui a été pris en otage par des hommes armés. Bernardino Leon a cru pouvoir imposer sa vision des choses, en choisissant même le futur Premier ministre qui devrait présider un gouvernement d’union nationale et conduire ainsi la Libye vers la paix et la stabilité tant rêvées. Les pourparlers marathoniens de Skhirat au Maroc n’auront finalement servi qu’à entretenir les rivalités entre les deux camps qui se disputent le pouvoir pendant que les organisations extrémistes, Al-Qaïda et Daech en tête, profitent du chaos qui règne dans ce vaste pays pour continuer à avancer et gagner du terrain. A ce rythme, il est à craindre que ces organisations deviennent incontournables dans tout dialogue politique dans le futur proche. Pour essayer de sortir de ce guêpier, la communauté internationale, représentée par l’ONU et son nouvel émissaire, va encore tenter de raccorder ses fils pour reprendre le processus de dialogue en tâchant cette fois-ci de sensibiliser davantage les pays voisins – qui sont aussi touchés par cette crise –, et d’amener surtout l’Egypte et ses alliés arabes à cesser de jouer aux trouble-fête en Libye. Les Nations unies doivent surtout compter davantage sur l’Algérie pour espérer des progrès sur cette question au lieu de perdre leur temps à départager le dialogue entre Alger et Skhirat, histoire de susciter de nouvelles jalousies entre deux voisins.
R. M.
Comment (6)
Les commentaires sont fermés.