L’Algérie des couleurs
Par M. Aït Amara – Le pays reçoit des coups de toute part, alors que les Algériens ont besoin de sérénité pour essayer de comprendre ce qu’il leur arrive dans ces moments de doute et d’appréhension. Et, au milieu de ce brouhaha assourdissant, où tout le monde jure qu’il a raison et que l’autre a tort, la force de l’argument se perd face à la puissance du gosier. C’est à celui qui crie le plus fort ! Ce n’est donc pas parce qu’on est une idole, qu’on peut faire n’importe quoi. Les lecteurs auront compris que ce texte s’adresse à ceux qui se sont offusqués de ce qu’on ait «osé» titiller Idir, l’icône de la chanson algérienne d’expression amazighe. Qu’Idir exhibe son art entre scènes et terres,ou chante [sa] montagne, adrar inu,dans les Pyrénées, les Alpes ou l’Himalaya, c’est des cimes du Djurdjura qu’ont jailli les poèmes et les airs qui l’ont fait grand. Ce n’est pas – non plus – parce que les choses ont été faites à tort et à travers après la fin de la guerre, par des dirigeants obnubilés qui par le Nil, qui par la Volga, qui par la Seine, qu’il faille jeter le bébé avec l’eau du bain. On ne peut pas reprocher à Idir de s’opposer au régime en place depuis 1962 ; les résultats de la gestion catastrophique de ses tenants depuis un demi-siècle sont visibles à l’œil nu et personne, sinon un cercle réduit d’opportunistes, ne peut nier ce triste postulat. Mais il est inconcevable qu’on admette que soit démembrée l’Algérie et que des parties appellent ouvertement à sa dislocation ou participent indirectement à une action insidieuse menée ailleurs, en donnant de la voix – et quelle voix ! – à celui qui s’échine à devenir «brizidan» et qui s’est empressé de se faire confectionner un portrait officiel de chef d’Etat fantôme avant même d’avoir goûté au pouvoir dont il rêve depuis l’Illoula Oumalou de son enfance. Idir a raison de s'interroger pourquoi cette pluielorsqu’il pleut des hallebardes, mais il ne peut pas chanter la France des couleurs, sous le ciel de Marseille,et renier d’où [il] vient,c’est-à-dire des montagnes kabyles où a tonné le baroud de l’Indépendance de l’Algérie, une et indivisible.
M. A.-A.
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