Amar Saïdani tire à boulets rouges sur le groupe des dix-neuf
Le secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, a tiré à boulets rouges sur le groupe des dix-neuf personnalités nationales qui a adressé au président Bouteflika une demande d’audience. S’exprimant lors d’une séance d’élection du candidat du parti du FLN pour la wilaya d’Alger dans le cadre du renouvellement partiel de la composante du Conseil de la nation, Amar Saïdani a particulièrement attaqué son désormais ennemi juré, Louisa Hanoune, expliquant sa démarche par sa «perte d’équilibre» en raison du «départ de ses soutiens» au pouvoir. «Une responsable d’un parti qui conduit un groupe de personnes non partisanes pour aller demander audience au président de la République. C’est ahurissant !» lâche Amar Saïdani avant d’ajouter en réponse à une question d’un journaliste que Louisa Hanoune a totalement perdu son équilibre après le départ de ses «parrains». Amar Saïdani ne précise cependant pas quels sont les parrains de Louisa Hanoune, qui, faut-il le préciser, a toujours soutenu le président Bouteflika. «J’ai une réponse à tous ceux qui s’interrogent sur les décisions prises par la présidence de la République. Interrogez les étrangers avant les Algériens. Demandez à Hollande qui gouverne en Algérie. Demandez à Erdogan et à tous les dirigeants et responsables étrangers qui ont rencontré le Président ce qu’ils pensent de lui, de ses capacités et de son état de santé. Qu’est-ce qu’ils ont dit du Président après l’avoir rencontré et discuté avec lui ? Demandez à ces gens-là est-ce que c’est le président Bouteflika qui décide ou non», a-t-il dit, critiquant ainsi le fait qu’«une personne, algérienne de surcroît, doute des capacités du Président à gouverner et dise que ce n’est pas lui qui décide». Amar Saïdani s’est ainsi érigé en porte-parole du chef de l’Etat en répondant à sa place et attaquant vertement les personnalités qui lui ont demandé une audience, dont Zohra Drif, Khalida Toumi, Lakhdar Bouregaâ et Abdelkader Guerroudj. «Nul n’a le droit de demander des comptes au président de la République qui a été élu par le peuple librement et en toute transparence», a-t-il enchaîné avant de se demander «qui a mandaté ces personnes». «Le président de la République est élu par le peuple jusqu'en 2019, et seul le peuple est habilité à lui demander des comptes», a insisté M. Saïdani qui ne s’est pas contenté d’attaquer seulement ce groupe des «19». Défendant bec et ongles son initiative pour un front national de soutien au chef de l’Etat, le SG du FLN s’est frontalement attaqué au RND et plus précisément à son premier responsable, Ahmed Ouyahia, qui a refusé d’adhérer à son projet politique. Amar Saïdani considère qu’Ahmed Ouyahia est incapable de proposer une initiative politique de la même envergure que celle du FLN. Il ira jusqu’à accuser le chef du RND, qui est également le chef du cabinet de la présidence de la République, de vouloir contrôler le gouvernement à travers trois ministres. Pour Saïdani, qui veut s’imposer comme l’homme le plus fort de la classe politique nationale, l’initiative de son parti de soutien au programme du président de la République reste «ouverte à tous ceux qui souhaitent la rejoindre, précisant que neuf partis sur la quarantaine de partis invités à y adhérer ont répondu favorablement». Une initiative qui peine à susciter de l’intérêt chez les partis qui comptent sur la scène politique nationale.
Rafik Meddour