Des signataires de la demande d’audience à Bouteflika indignés par la «politisation» de l’affaire
Les premières fissures apparaissent dans le groupe des dix-neuf entre les politiques et les «apolitiques». En effet, certains noms parmi les signataires de la demande d’audience faite au président de la République se rebiffent. C’est du moins ce que nous avons appris de l’un d’eux qui a préféré, pour le moment, s’exprimer sous le sceau de l’anonymat. Ce membre du groupe dit «des dix-neuf», qui a suscité une vive polémique entre les initiateurs de la démarche et les fervents défenseurs du chef de l’Etat, affirme n’avoir pas apprécié la tournure politique qu'a prise cette demande d’audience et les sorties médiatiques de Khalida Toumi et Louisa Hanoune. La volonté affichée de ce membre, qui se présente comme «apolitique», de se retirer de cette démarche éminemment politique, renseigne sur le manque d’homogénéité qui caractérise le groupe. Un manque de cohésion qui a été relevé par le chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, qui s’est prononcé sur cette affaire en sa qualité de secrétaire général par intérim du RND. Ce signataire ainsi que d’autres rendront-ils public un communiqué annonçant leur retrait dans les prochains jours ? Le groupe des dix-neuf est composé à la fois de personnalités politiques, à l’instar de Khalida Toumi et de Louisa Hanoune ; de figures historiques, telles que Lakhdar Bouregaâ, Abdelkader Guerroudj, Zohra Drif-Bitat, Meriem Benhamza et Mustapha Fetal ; d’anciens ministres comme Fatiha Mentouri et Abdelhamid Abderkane ; de militants des droits de l’Homme comme Nourredine Benissad et Boudjemaâ Ghechir et de cadres de l’Etat. Le groupe va-t-il réussir à poursuivre sa démarche ou connaîtra-t-il le même sort que celui de nombreuses démarches politiques qui ont vite échoué à cause d’un manque avéré de cohésion dans leurs composantes ? On le saura dans les prochains jours. Ce groupe vise par sa demande d’audience à s’assurer que le chef de l’Etat est bien le dirigeant du pays et qu’il est au courant de tout ce qui se fait. Dans la lettre adressée au président Bouteflika, ce groupe a dénoncé «la déliquescence des institutions de l'Etat», «la substitution d'un fonctionnement parallèle, obscur, illégal et illégitime, au fonctionnement institutionnel légal», «la grave dégradation de la situation économique et sociale qui frappe la majorité du peuple algérien» et «l’abandon des cadres algériens livrés à l’arbitraire, aux sanctions partiales, en violation des lois et règlements de la République et des procédures légales dans un climat d'oppression».
Rafik Meddour