La moquerie du MSP
Par R. Mahmoudi – Le chef du MSP, Abderrezak Mokri, se distingue depuis quelques semaines par un activisme aussi débordant que suspect, en intensifiant ses contacts avec la Sublime Porte, auprès de laquelle il se présente comme le porte-parole des Frères musulmans en Algérie. Après avoir créé la surprise en scellant une alliance, au sein de la CLTD, avec des partis réputés laïques, et en donnant ainsi de lui l’image d’une formation qui a fait sa mue, le voilà qui dévoile peu à peu son véritable visage et retrouve ses accointances naturelles. Dans un texte rédigé en français – une de ses ruses les plus marquantes – et diffusé sur le site officiel de son parti, Mokri se moque royalement de ses faux amis en s’en prenant avec une rare violence aux «laïcards» algériens qui, pour lui, sont «dénués d’objectivité, de probité intellectuelle, d’éthique et, pour beaucoup d’entre eux, de culture et de savoir». Il réagissait à une chronique parue dans un journal francophone algérien dont il ne cite pas le nom, qui exprimait un soutien à la politique du président égyptien Abdelfattah Sissi, que Mokri qualifie de «dictateur sanguinaire». Généralisant son jugement, il considère tous les laïcs, dont ses amis du RCD font partie, comme «de mauvais élèves» qui «se fichent éperdument» de la démocratie et des droits de l’Homme et «sont en quête permanente d’alliance avec les dictatures, dans le secret par moment et ouvertement dans les moments d’assurance» (sic). Ce repositionnement du parti fondé par le défunt Mahfoud Nahnah cache-t-il un jeu plus dangereux en relation avec les tiraillements politiques actuels qui tiennent tout le pays en haleine avec les folles rumeurs qui circulent depuis plusieurs semaines ? Se prépare-t-il à une éventuelle vacance de pouvoir ? Il est clair que, pour ses intérêts stratégiques, qui sont essentiellement ceux de la confrérie des Frères musulmans, dirigée par Ankara depuis la chute de Mohamed Morsi en Egypte, ce parti est prêt à jouer tous les rôles, y compris celui de pyromane ou, tout au moins, de porte-étendard de la mouvance islamiste inféodée à l’AKP d’Erdogan.
R. Mahmoudi
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