La France officielle réimporte le terrorisme islamiste qu’elle exporte à la Syrie et à la Libye
Les attaques synchronisées qui viennent d’avoir lieu à Paris dénotent le haut niveau d’organisation des assaillants, mais, en même temps, la vulnérabilité chronique du système de défense français face aux terroristes, malgré tous les dispositifs de sécurité mis en place pour parer à tout risque d’attentat, et qui obligent le chef de l’Etat cette fois-ci encore de décréter l’état d’urgence. Sans attendre une quelconque revendication des attaques, tous les commentaires pointent du doigt la nébuleuse djihadiste. «Nous connaissons les criminels», a déclaré le président français dans une allocution lue à la télévision une heure après ces attentats. Pourquoi ces attentats à Paris ? Et pourquoi maintenant ? La France paye-t-elle pour son engagement militaire au Mali et dans la région du Moyen-Orient ? Ces attentats sont-ils la mise en exécution des menaces de représailles lancées épisodiquement par les différents porte-voix d’Al-Qaïda, d’Ayman Al-Zawahiri à Mokhtar Belmokhtar ? Les commanditaires de ces attaques synchronisées cherchent-ils à saboter la deuxième réunion de Vienne prévue samedi, et qui devrait reprendre les pourparlers, auxquels prendra part la France, pour trouver un compromis sur une solution politique en Syrie ? Il est clair que les promoteurs de la violence en Syrie, en partie soutenus par Paris, Ankara et Riyad, redoutent une avancée dans le processus de dialogue dans le sens voulu par Moscou et entériné par la déclaration de Vienne I, laquelle déclaration exclut clairement le principal préalable posé avec insistance par les Français et leurs alliés moyen-orientaux, à savoir le départ du président Bachar Al-Assad. Durant cette première session de pourparlers, les présents s’étaient mis d’accord sur plusieurs points et, notamment, sur l’instauration d’un cessez-le-feu dans toute la Syrie, sur la relance de négociations sous l’égide des Nations unies entre le gouvernement et l’opposition, et sur la tenue d’élections. Ils ont surtout mis l’accent sur le maintien des institutions et du caractère laïc de la République syrienne. Il y a quelques jours, la Russie a diffusé un plan en huit points de transition politique en Syrie. Selon ce texte, des élections présidentielles et législatives pourraient se tenir après le vote par référendum d’une Constitution. Sans toutefois interdire formellement à Al-Assad de se présenter lors du scrutin présidentiel. Paris fut la première capitale à rejeter les propositions. Il faut attendre l’évolution des discussions ce samedi pour prédire l’avenir du processus, même si les observateurs sont de plus en plus nombreux à estimer que les pays réunis sont au seuil d’un accord global.
R. Mahmoudi