Recyclage terroriste
Par R. Mahmoudi – Les derniers événements survenus à Paris apportent la preuve irréfutable que Daech et Al-Qaïda ne font qu’un. On croyait que le premier était une sorte de «stade suprême» de cette matrice, mais il s’agit, finalement, d’un recyclage. Une histoire qui se répète. Cette exterritorialisation des attentats marque, en effet, un retour à la vieille tactique d’Al-Qaïda, du temps de Ben Laden. Créée dans une base d’instruction de «volontaires arabes» sur la frontière pakistano-aghane dans les années 1980, Al-Qaïda eut comme première ambition de fonder un émirat sur un territoire «libéré». D’où l’idée d’occuper le pays failli le plus proche, l’Afghanistan. Grâce à la CIA et les services saoudiens, les «moudjahidine», largement infiltrés par les hommes de Ben Laden, prennent le pouvoir et appliquent la charia selon les normes les plus rigoristes. Mais le pays sera de nouveau déchiré par la guerre civile, avec l’implication des talibans, créés par les services pakistanais, et la dissidence d’une partie de la population. Sentant l’étau se resserrer sur ses contingents, les chefs d’Al-Qaïda ordonnent des attaques spectaculaires dans différents pays de la région. Attaques qui vont culminer le 11 septembre 2001, avec les attentats de New York et Washington. Puis, sous les pressions des capitales occidentales qui renforçaient leurs dispositifs de sécurité, Al-Qaïda fut obligée de se rétracter, pour se rabattre sur son pré-carré arabo-musulman, en s’engouffrant instinctivement dans les brèches provoquées par les différents conflits armés qui finiront par engendrer de nouveaux pays faillis (Somalie, Soudan, Irak). Ils décident, alors, d’intensifier les attentats dans d’autres pays arabes relativement épargnés par la violence (Tunisie, Jordanie). Arrive enfin le «printemps arabe». Les héritiers d'Abu Mossaeb Al-Zarqawi en Irak trouvent en Syrie le meilleur terreau pour réaliser le rêve originel, celui de se construire un «Etat islamique», avec son territoire, son drapeau, sa hiérarchie, son armée, son gouvernement, son économie et sa monnaie. Aujourd’hui, sous les coups de boutoir des armées syrienne et russe, aidées volontairement ou involontairement par les frappes aériennes de l’Otan, les terroristes n’ont plus le choix, pour sortir de l’impasse, que de tenter des coups d’éclat, en faisant exploser des bombes ailleurs, de Beyrouth à Paris. Les Occidentaux, Français en tête, vont encore durcir leurs dispositifs de sécurité de contrôle et vont instituer de nouvelles lois. Ce qui va certainement contraindre les bataillons de djihadistes à se replier dans les zones de conflit ou aller explorer de nouveaux «horizons».
R. M.
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