Messahel corrige Saïdani ou quand le SG du FLN sabote le travail de la diplomatie algérienne
Première réaction officielle à la déclaration du secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, qui avait souhaité une révision de la position de l’Algérie vis-à-vis de la question sahraouie, le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, a affirmé que «la position de l’Algérie sur le Sahara Occidental n’a pas changé depuis 1963». Intervenant sur les ondes de la Radio Chaîne I, ce mercredi, Messahel a rappelé que la résolution de l’ONU 22-69 «stipule explicitement le droit des peuples à l’autodétermination et à l’indépendance» et que «toutes les résolutions qui ont suivi soulignent que la résolution de ce conflit ne peut se réaliser que par l’accès des Sahraouis au droit à l’autodétermination». La position algérienne préconise le règlement de ce conflit dans le cadre de la décolonisation et du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, tel que stipulé dans toutes les résolutions et décisions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies, à commencer par la résolution 1514 sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples colonisés et dont l'adoption a été motivée par les manifestations historiques du 11 décembre 1960 contre le colonisateur français. Cela a d'ailleurs était affirmé par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, dans sa dernière déclaration sur la nécessaire relance des négociations directes entre les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, pour parvenir à une solution en accord avec les résolutions onusiennes pertinentes, a précisé le ministre. Interrogé sur la situation préoccupante des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés, M. Messahel a estimé que le monde était «au fait des violations commises dans ces territoires». «Si la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) n'a pas pour mandat de surveiller les droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés, cela ne signifie pas que l'ONU ne s'intéresse pas à ce dossier», a-t-il encore soutenu. Le secrétaire général contesté du FLN avait non seulement désavoué la position traditionnelle de l’Algérie sur la question sahraouie, mais a aussi refusé expressément de commenter le discours du roi du Maroc, dans lequel celui-ci s’attaquait ouvertement à l’Algérie, qualifiée d’«ennemi». La presse marocaine s’était réjouie de la sortie incongrue d’Amar Saïdani, considérant que l’Algérie avait «enfin changé sa position» sur cette question de principe. La réponse d’Abdelkader Messahel intervient au lendemain d’une interdiction faite au secrétaire général du FLN d’enregistrer une nouvelle émission sur une chaîne de télévision privée, sans doute pour rattraper sa bourde. Amar Saïdani est définitivement disqualifié auprès des plus hautes autorités du pays et devient un élément encombrant pour la présidence de la République dont il parasite l’action depuis sa réélection à la tête du parti, en présence de tout le gotha politique du pays, lors du Xe congrès du FLN. Se sentant pousser des ailes, ce trublion a multiplié les sorties malséantes, s’en prenant aux services de sécurité algériens et mentant sur ses biens en France, jusqu’à son dernier dérapage qui porte atteinte à un des fondements principaux de la politique étrangère de l’Algérie : le soutien indéfectible aux peuples qui se battent pour leur indépendance. Amar Saïdani a, ainsi, indirectement joint sa voix à celle du Makhzen qui a voté avec Israël contre la Déclaration des Nations unies sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, en octobre dernier.
R. Mahmoudi