Le poète et l’ami de la France
Par Kamel Moulfi – Les dirigeants français ont-ils pris conscience qu’en s’alliant à l’Arabie Saoudite et au Qatar, ils sont en collusion, de fait, avec les groupes terroristes dont l’un, Daech, a revendiqué les attaques lâches particulièrement meurtrières du vendredi 13 novembre à Paris ? Le matraquage médiatico-politique sur l’unité nationale n’a pas empêché les dénonciations subtiles ou directes, par les Français eux-mêmes, de l’alliance entre leur pays et ces deux royaumes qui sont les principales sources de financement des groupes criminels opérant en Syrie et formés pour une bonne partie de mercenaires venus d’Europe. Quand Fabius salue la résolution du Conseil de sécurité qui appelle à «l’amplification de la lutte contre Daech et les groupes affiliés à Al-Qaïda», il y a des raisons de douter de sa déclaration. Est-il vraiment convaincu, comme il le dit, de la nécessité que «tous les Etats s’engagent concrètement dans ce combat, qu’il s’agisse de l’action militaire, de la recherche de solutions politiques ou de la lutte contre le financement du terrorisme» ? Attendons pour voir si les intentions que le gouvernement français proclame officiellement sont bien sincères. Autrement dit, si la politique étrangère de la France a retrouvé l’indépendance à l’égard des Etats-Unis et de l’Otan, que le général de Gaulle lui avait donnée et que Sarkozy a abandonnée, imité ensuite par Hollande. Le retour de la France à une politique atlantiste l’a amenée à faire front commun avec le régime saoudien mû par l’idéologie wahhabite qui est en totale contradiction avec les valeurs traditionnelles républicaines françaises fondées sur les droits de l’homme et la laïcité. Qu’y a-t-il de commun entre la France et l’Arabie Saoudite, un royaume en décalage avec le monde civilisé sur les questions essentielles liées aux libertés fondamentales ? Il vient d’en donner la confirmation en condamnant à mort un poète, le Palestinien Ashraf Fayad, sur la base d’une loi qui considère tout libre penseur comme… terroriste. Ainsi, l’apostasie est assimilée à un crime terroriste. Et il n’y a rien de plus facile que de trouver dans un poème libre la marque de l’apostasie.
K. M.
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