Qu’est-il arrivé à Ouyahia ?
Par Houari Achouri – Les interventions d’Ahmed Ouyahia font-elles toujours recette ? Les impressions des observateurs et des analystes sont mitigées, mi-figue mi-raisin. De toute évidence, dans la défense du président Bouteflika, la concurrence est rude et la surenchère inévitable. A partir de son poste de directeur de cabinet du chef de l’Etat, exigeant une certaine obligation de réserve, l’exercice consistant à intervenir avec la casquette de premier responsable du RND est plutôt difficile, comme sur une corde raide, tellement le risque est grand de glisser et de passer pour le porte-parole du Président alors qu’il n’a pas cette prérogative, et encore moins des informations à révéler. Il s’expose au démenti, d’une façon ou d’une autre, qui est mal venu à l’heure où la cohésion des rangs et la cohérence dans les discours s’imposent au camp présidentiel. On ne doit pas être surpris de constater que dans l’entretien à la chaîne de télévision privée Dzaïr News, il se limite à des lieux communs, consensuels dans son camp, même si certaines de ses paroles, ses répliques à son rival Saïdani en particulier, suggèrent de «lire entre les lignes». Le plus symptomatique de la position d’Ouyahia dans la bataille de la communication que mène ce que l’on désigne par camp présidentiel est ce qu’il a dit sur la Libye et qui est franchement déconcertant. Ses propos se résument à une vérité que l’Algérien moyen connaît parfaitement : la situation en Libye menace la sécurité et la stabilité de l’Algérie. Il ajoute tout juste un commentaire qui rappelle la source de ce problème, à savoir le plan de déstabilisation des pays arabes qui existe de longue date. On connaissait Ouyahia pour son art de la rhétorique, dans toutes les langues que comprend notre peuple, auquel il alliait un sens de la répartie et de l’à-propos qui donnait à ses interventions les dimensions d’un grand événement médiatique. Que s’est-il passé pour qu’il en arrive à parler comme les autres ? Pendant que Saïdani fait feu de tout bois, en ne respectant aucune balise, lui semble avoir perdu la liberté de ton qui permettait à son discours de défrayer la chronique et à ses petites phrases de déclencher des polémiques interminables, qui ont souvent contribué à clarifier les situations.
H. A.
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