De quoi Saïdani est-il le nom ?
Par R. Mahmoudi – Comme si les réactions successives d’Abdelkader Messahel et d’Ahmed Ouyahia ne suffisaient pas pour confirmer la politique officielle de l’Algérie vis-à-vis du Sahara Occidental, après les propos révisionnistes d’Amar Saïdani, c’est le chef de l’Etat lui-même qui est monté au créneau, en recevant hier le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz. Ce n’est pas la première fois que le patron du FLN se voit désavoué, directement ou indirectement, par le président de la République sur des questions qui engagent la nation, et qui sont d’habitude du ressort du premier magistrat du pays ou de son Exécutif. Mais, à chaque fois, Amar Saïdani sait trouver la parade – toujours adossée à un sens de l’effronterie sans égal dans les annales politiques de l’Algérie indépendante – pour continuer à parler au nom du pouvoir et même de la Présidence, et se poser comme le soutien le plus fidèle, voire le plus sûr du Président. En tout cas, si personne ne l’a officiellement mandaté pour être le porte-parole d’El-Mouradia, les courtisans traditionnels, les partis satellites et autres organisations de masse (UGTA en tête) se hâtent d'afficher leur adhésion à son initiative de constituer «un front de soutien au programme du président Bouteflika». Un vrai dilemme : d’un côté, ses hérésies sont mal perçues par les plus hautes sphères du pouvoir et deviennent même de plus en plus un obstacle à l’action politique et diplomatique de l’Etat, comme c’est le cas de sa dernière sortie sur la question sahraouie. D’un autre côté, il attire vers lui les soutiens les plus zélés de ce même pouvoir. D’où tient-il cette hardiesse, cette audace de défier les institutions de l’Etat et de vouloir s’y substituer en même temps, tout en se permettant de distribuer les notes et de classer à sa guise les hommes et les femmes politiques en bons et mauvais élèves ? A quoi son insolence est-elle due ? D’où tient-il son immunité ? A quelle logique politique obéit cette dichotomie criante de la parole officielle qui, comme on le voit clairement, a fini par nuire au bon fonctionnement des institutions ?
R. M.
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