Les cigales et le philosophe
Par M. Aït Amara – Le lynchage médiatique dont le philosophe français Michel Onfray est l'objet, pour avoir osé dire la vérité sur la source du mal qui ronge la planète, le terrorisme islamiste, est la preuve, s’il en est, que l’opinion publique occidentale n’est pas prête à accepter le parler-vrai lorsqu’il s’agit de mettre le doigt sur la plaie. Cette opinion préfère être manipulée que de comprendre ce qu’il lui arrive, tel un malade qui se réjouit de ce que son médecin lui ment. C’est dans ce constat que l’inondation de cette même opinion publique par un tsunami d’images, de commentaires et de déclarations, tous dirigés, trouve son explication. La saturation médiatique qui a suivi les attentats de Paris, concentrée exclusivement sur les auteurs physiques de cet acte abject qui a fait 130 morts – suivi par une autre attaque tout aussi lâche, hier, en Tunisie –, vise, paradoxalement, à ne pas tout dire. Les tenants du système politique mondial nous imposent une vérité subjective en nous noyant dans un flot d’informations suggestives qui, en réalité, nous emprisonnent dans le mensonge asservissant. Or, la vérité est la garantie essentielle pour une perception correcte de la violence terroriste islamiste et une capacité à connaître ses véritables origines. Cette campagne de désinformation par l’excès empêche l’intelligence de pénétrer dans la nature de ce terrorisme qui nous encercle et de découvrir sa relation avec ceux qui l’alimentent et nous intoxiquent. La lutte contre le terrorisme ne peut pas se faire de telle façon qu’elle ne tienne pas compte de l’implication directe du monde occidental dans son exacerbation. «Qu’est-ce que la France est-elle allée faire en Syrie ?» s’est tout simplement demandé un intellectuel français aujourd’hui voué aux gémonies dans son pays, pour avoir fait preuve de cohérence avec son métier de philosophe. Pour pouvoir combattre le monstre Daech, il faut, plus que de simples armes à feu, savoir se situer face à la réalité pour préserver le monde d’un danger autrement plus périlleux : l’envie trompeuse de surestimer la capacité des puissances mondiales à vaincre une hydre à qui elles mordent la queue faute de pouvoir lui couper la tête. Il n’est pas réaliste d’imaginer que le monde puisse se débarrasser de l’horreur si, dans le même temps, il ne prend pas conscience qu’il est guetté par un autre ennemi redoutable parce que travesti en philanthrope : les charlatans va-t-en-guerre qui détournent consciemment et volontairement la vérité pour le tromper. Ce monde-là doit apprendre à supporter les improbations du philosophe et à se méfier des cigales qui, plus ça chauffe, plus elles chantent.
M. A.-A.
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