L’ex-chef de l’Otan Wesley Clark : «J’ai toujours eu l’impression que la Turquie soutenait Daech»
L’ancien commandant des forces de l’Otan en Europe, Wesley Clark, joint sa voix à celles qui dénoncent depuis quelques mois le soutien apporté par le régime d’Erdogan aux groupes terroristes agissant au nord de la Syrie. «Le pétrole que vend l’Etat islamique va sans doute en Turquie, mais les Turcs ne le reconnaîtront jamais», a déclaré l’ex-commandant de l’Otan qui connaît bien la région. Wesley Clark, qui s’est exprimé dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN, a été très clair sur la complicité de la Turquie dans le trafic de pétrole opéré par le groupe terroriste Etat Islamique. Pour lui, ce pétrole est acheminé par voie terrestre. Daech contrôle toute la partie syrienne frontalière avec la Turquie. Une frontière ouverte qui permet aux terroristes de faire des allers-retours et de s’approvisionner en toutes sortes de produits sans qu’ils soient inquiétés par l’armée turque. «Il faut être conscient que l’EI n’est pas qu’un groupe terroriste, c’est un groupe terroriste sunnite. Ce qui veut dire qu’il attaque les chiites et sert les intérêts de la Turquie et de l'Arabie Saoudite, même s’il les menace», a indiqué le chef militaire qui parle de sa forte impression qu’Ankara soutenait l’EI d’une façon ou d'une autre. Ce qui renforce la conviction de Wesley Clark que la Turquie soutenait Daech, c’est le fait qu’elle ne veut pas, comme d’ailleurs l’Arabie Saoudite, qu’un pont soit créé par l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban qui l’isolerait. «Voilà le contexte stratégique de la situation», a précisé cet officier supérieur à la retraite. Autre élément suspicieux, c’est le fait que la Turquie a très mal pris l’intervention russe contre les groupes terroristes qui cherchaient à renverser le régime de Bachar Al-Assad avec lequel Ankara ne s’entendait pas. D’ailleurs, pour certains observateurs avertis, la Turquie a délibérément abattu un bombardier russe Sukhoï Su-24 engagé dans l’opération contre le groupe terroriste Etat islamique (EI) en Syrie. L’argument que cet avion violait l’espace aérien turc ne tient pas la route, puisque les Russes ont publié le plan de vol de ce bombardier qui passait à un kilomètre de la frontière turque. Encore une fois, la Turquie ne semble pas emballée par une frappe massive des positions de Daech en Syrie et en Irak. Une attitude que le régime d’Erdogan doit expliquer devant la communauté internationale.
Rafik Meddour