Riyad perd l’Ouest
Par Kamel Moulfi – Les attentats de Paris scellent le divorce entre l'Occident et le régime wahhabite. L'Europe qui entretient des relations contre nature avec Riyad finira par céder sous la pression de son opinion publique qui ne comprend pas comment ses gouvernants vendent des armes à ce pays qui finance le terrorisme ! La question qui a surgi le vendredi 13 novembre, chez les Français d’abord, est toute simple : peut-on combattre les groupes terroristes installés en Syrie, en Irak et en Libye, et qui ont frappé Paris, tout en étant alliés avec leurs pays sponsors que sont l’Arabie Saoudite et le Qatar ? Le doute a commencé, en fait, à s’insinuer dans les opinions publiques occidentales déjà après les attentats contre les deux tours jumelles à New York le 11 septembre 2001. Avant cette date, seule l’Algérie vivait les affres du terrorisme et les Algériens n’oublient pas que les capitales occidentales servaient alors de refuge aux «cerveaux» des crimes commis dans notre pays. C’est de Londres que partaient les revendications du GIA, dont les ressemblances avec le Daech d’aujourd’hui sont évidentes. Mais le matraquage de certains médias et ONG autour du «qui tue qui» a voulu innocenter le GIA, préparant les opinions publiques occidentales au fait que leurs pays pouvaient aider les groupes terroristes affublés du titre de «résistants» aux dictatures. Le 13 novembre, les kamikazes de Daech, nourris à l’idéologie du wahhabisme, ont fait exploser leur vérité à la face des dirigeants occidentaux, avec malheureusement le très lourd bilan de Paris. Les questions n’ont pas arrêté de fuser, du genre : comment la France fait-elle pour combattre, au Mali, Al-Qaïda qu’elle aide à s’installer au Yémen à travers le soutien accordé à l’Arabie Saoudite dans son agression contre ce pays pauvre. Alors Hollande, Valls et Fabius se sont rendu compte que l’instrumentalisation du wahhabisme pour des objectifs géopolitiques, en premier lieu ceux des Etats-Unis, a atteint ses limites. Les attentats qui ont ciblé les Parisiens, dans leur mode de vie, ont ravivé et nourri un sentiment d’hostilité latent à l’égard de l’Arabie Saoudite, un pays de négation absolue des droits de l’Homme et de la démocratie, où n’importe quel prétexte est bon pour décapiter, «à la Daech», un opposant. Les attentats de Paris ont été la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien rempli par l’afflux de réfugiés vus comme une menace. Finalement, on commence à penser à Paris qu’il n’y a pas que les contrats d’armement qui comptent. C’est donc sans surprise que l’on apprend qu’une délégation yéménite houthie été a reçue au Quai d’Orsay (voir article d’Algeriepatriotiquedu 24/11/15). C’est bien le signe que la France est en train de lâcher l'Arabie Saoudite.
K. M.
Comment (12)
Les commentaires sont fermés.