Un expert militaire algérien : «La décision d’abattre l’avion russe est intentionnelle»
«Les raisons avancées par les responsables turcs pour justifier leur acte hostile contre la Russie ne tiennent pas la route», a expliqué un expert militaire algérien à Algeriepatriotique.«Lorsqu’un avion militaire survole l’espace aérien d’un pays tiers, il y a des procédures à suivre», indique notre source qui relève que l’armée turque «ne pouvait pas considérer le bombardier russe comme un avion hostile. C'était simplement un avion qui avait violé l'espace aérien puisqu'elle savait d'avance que les avions russes mordaient parfois sur le territoire turc en raison de la configuration du terrain», c’est-à-dire la plateforme d'où décollent les bombardiers qui est trop proche des frontières. L’expert en veut pour preuve le fait qu’Ankara ait déjà eu à se plaindre à plusieurs reprises de ces intrusions. La Turquie savait aussi que tout avion russe survolant son territoire ne pouvait être classé comme étant hostile, car les objectifs de l’armée de l’air russe sont connus de tous : effectuer des raids aériens contre les positions de Daech en Syrie. Dans le cas du Su-24 abattu par la défense aérienne turque, l'avion n'était qu'un intrus et les règles internationales sont claires. «Il ne s’agit nullement d’un cas de légitime défense», note notre source. «L’armée turque aurait dû sommer le bombardier russe de quitter son espace aérien, dans une première phase, en se portant à sa hauteur pour entrer en contact avec le pilote ou battre des ailes pour l'obliger à atterrir sur une de ses bases», explique encore l’expert algérien, qui précise que «la dernière sommation consiste, pour des avions disposant de systèmes d'armes adéquats, de tirer des rafales d'obus traçants à gauche et à droite de l'appareil». Ce n'est qu'en cas de refus d'obtempérer de ce dernier que l'emploi de la force pour l'abattre est autorisé. «La procédure dans ce cas, souligne cet expert, n'a pas été respectée et les explications données par le président turc et son état-major ne sont pas convaincantes». «Je suis personnellement persuadé qu'une telle décision (abattre le bombardier russe, ndlr), grave de conséquences, est intentionnelle et qu’elle a été prise au préalable pour des raisons politiques dont seuls les Turcs détiennent le secret», affirme notre source. Elle ajoute que «la décision russe d'installer des systèmes antiaériens et antimissiles d'une portée de 300 kilomètres en Syrie (le S300), lui confère la légitimité internationale d'interdire totalement l'espace aérien syrien, d’autant que l'intervention russe se place dans le cadre de la demande d'un Etat souverain, la Syrie en l’occurrence», relève notre source. Pour cet expert militaire, «si Ankara croit être sous le parapluie de l’Otan, bras armé des Etats-Unis, il se trompe éperdument, car Washington ne tombera jamais dans ce piège, au risque de déclencher une guerre atomique». «D’ailleurs, les déclarations apaisantes faites récemment par les uns et les autres, prouvent que la Russie ne portera pas la crise entre les deux pays à son paroxysme», conclut notre source.
Karim Bouali