A petits pas…
Par Houari Achouri – Al-Hayat,journal saoudien paraissant à Londres, a recueilli les propos curieux de Bertrand Besancenot, l’ambassadeur de France en Arabie Saoudite. Il excuse presque les criminels qui rejoignent les rangs de Daech en Syrie : «Si certains Syriens se sont mis sous la bannière de Daech, ce n'est pas parce qu'ils croient en son idéologie, mais parce que, n'ayant trouvé personne pour les défendre, ils cherchent un moyen de se protéger contre le régime despotique d'Al-Assad.» Ces officiels français ne changeront donc jamais ! Normal, dire le contraire de ce que raconte cet ambassadeur mettrait à nu leur responsabilité directe dans ce qui s'est passé à Paris le vendredi 13 novembre. Au passage, c’est, une nouvelle fois, la reconnaissance implicite qu’il n’y a pas d’opposition armée «modérée». Mais et les autres, les mercenaires qui viennent d’Europe remplir les rangs de Daech en Syrie ? Là, c’est différent, laisse entendre l’ambassadeur : eux, ce sont de véritables terroristes, seulement, ce qui les motive, si on suit les propos de l’ambassadeur, ce ne sont pas les considérations idéologiques, eux, sont des cas qui relèvent de la psychanalyse ; ils sont opposés «au pouvoir, quel qu’il soit», explique-t-il. En poursuivant dans cette logique, on va comprendre que si les terroristes du vendredi 13 novembre sont revenus de Syrie en France pour frapper les Français au nom de Daech, c’est parce que d’abord on ne leur a pas donné la possibilité de combattre autrement Bachar Al-Assad, et qu’ensuite, ils ont des problèmes psychologiques qui les poussent à être contre le pouvoir… en France. Valls a pourtant clairement désigné l’ennemi, «l’islam radical», a-t-il dit, il aurait pu ajouter «le wahhabisme». Heureusement, pour l’ambassadeur, que ses paroles sont destinées à la «consommation locale», en Arabie Saoudite, que peut-être même les monarques saoudiens, à qui ce discours est destiné, auront du mal à croire. Il vaut mieux écouter Fabius, qui a pourtant d’énormes difficultés à «retourner la veste». Il parle de «possible participation de l'armée du régime dans la guerre contre Daech en Syrie». Décidément ! Ils n'osent même pas dire «l'armée régulière syrienne» et ils voudraient que celle-ci leur fasse confiance. Mais ils finiront par y arriver, à petits pas.
H. A.
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