Le piège
Par R. Mahmoudi – La signature de la charte dite de l'éthique éducative «servira à résoudre les problèmes essentiels du secteur», a indiqué hier la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, suite à la cérémonie qualifiée d’«historique» qui a regroupé les syndicats de l’éducation avec la tutelle. Tout le monde s’est réjoui de cet aboutissement d’un long bras de fer qui a sérieusement entravé la bonne marche du secteur. Mme Benghebrit peut se targuer, désormais, d’être la première ministre à avoir réussi la gageure d’instaurer un climat de paix avec des syndicats qu’on croyait irréductibles. Maintenant que les problèmes des enseignants sont en passe d’être résolus, puisque le gouvernement s’est officiellement engagé à respecter toutes les clauses de l’accord, quand viendra l’heure de se pencher sur les vrais problèmes du système éducatif ? Car dans la charte ratifiée hier, les deux parties ont fait peu de cas des problématiques fondamentales qui ont porté atteinte à la qualité de l’enseignement. Avec des programmes archaïques, des méthodologies inadaptées, une formation qui laisse à désirer, notre école ne répond plus aux exigences du monde contemporain dans lequel évoluent notre société et notre économie. La ministre a voulu, au début, secouer le cocotier et a tenu tête aux conservatismes, mais elle s’est vite retrouvée prisonnière des agendas socioprofessionnels inextricables et interminables de ses partenaires. Désabusée, elle a fini par avouer, il y a seulement deux mois, qu’elle se retrouvait à accomplir les tâcher de ministre des Affaires sociales. Il est curieux de constater que les mêmes syndicalistes qui, hier, vilipendaient la ministre à la moindre initiative annoncée pour s’attaquer aux problèmes de fond –langues d’enseignement, modernisation des programmes, etc. –, l’encensent aujourd’hui pour sa «grande souplesse» qui a permis la signature d’un protocole d’entente qui, s’il permet de mettre en veille le syndrome des grèves dans les écoles, ne fera qu’ajourner le train de réformes lancé par Mme Benghebrit.
R. M.
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