Le gouvernement instruit les recteurs d’interdire toute activité politique dans les universités
Dans une note adressée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à tous les responsables des établissements universitaires, et datée du 25 novembre 2015, il est clairement indiqué que «toute rencontre ou activité partisane organisée, sous quelque forme que ce soit, dans l’enceinte des établissements sont contraires à la vocation originelle de ces établissements et aux missions qui lui sont dévolues», lit-on dans le document dont nous détenons une copie. Se référant à une instruction du Premier ministre en la matière, l’instruction enjoint ainsi aux directeurs desdits établissements de «ne pas mettre les infrastructures pédagogiques ni scientifiques à la disposition des partis politiques» et de «n’autoriser aucune activité partisane au niveau des établissements relevant du secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique». Cette instruction ne manquera certainement pas de soulever un tollé au niveau des partis politiques, mais aussi au niveau des comités d’étudiants qui ont l’habitude d’organiser des rencontres ou des conférences-débats avec des dirigeants politiques ou sur des thèmes ayant trait à la vie publique en générale, notamment au niveau des résidences universitaires. Les étudiants ont toujours considéré que le débat politique dans l’enceinte universitaire est plutôt un élément nécessaire pour leur formation et leur épanouissement intellectuel, arguant que la conscience politique de toute société est d’abord produite par ses universités. Cette instruction de Tahar Hadjar survient dans une conjoncture nationale particulière marquée par l’exacerbation des tensions politiques et sociales, mais tranche avec les promesses d’une plus grande ouverture en matière de pluralisme, d’opinion et d’expression, à l’aune de l’amendement de la Constitution qui sera soumis bientôt. En septembre dernier, le wali de Béjaïa avait, lui aussi, tenté d’interdire toute activité politique dans les établissements culturels mais s’est vite ravisé sous la pression de l’opinion publique et de la société civile qui y voyait une volonté de «brimer» la liberté d’expression.
R. Mahmoudi