Le Qatar se dévoile
Par Houari Achouri – Al-Jazeera multiplie les informations, dont elle tire évidemment fierté, sur la médiation réussie par le Qatar dans l’échange de prisonniers entre le groupe terroriste Front Al-Nosra et le gouvernement libanais. En fait de médiation, il y a tout lieu de croire qu’il s’agit plutôt d’un ordre donné aux criminels liés à Al-Qaïda, et groupés dans le Front Al-Nosra, de libérer les militaires libanais retenus en otages depuis de longs mois. On ne sera pas surpris d’apprendre que la Turquie aussi a joué un rôle dans ce dénouement. Les sponsors du terrorisme, Qatar et Turquie, effrayés par l’intervention d’une grande efficacité de l’aviation russe en territoire syrien contre Daech et justement contre ce Front Al-Nosra, notamment, cherchent à «sauver les meubles». La fable de l’opposition militaire «modérée» ayant été éventée, le Front Al-Nosra a été chargé de jouer ce rôle. L’ordre donné par le Qatar aux criminels d’Al-Nosra de libérer les soldats libanais entre dans cette manœuvre habillée en médiation humanitaire. Al-Nosra qui accepte une démarche humanitaire se différencie ainsi de Daech qui, au contraire, exécute ses otages et ne négocie pas. Cette information confirme la collusion entre les mouvements terroristes de différentes appellations et le Qatar et la Turquie. Elle montre, dans ce cas précis, qui pilote véritablement les opérations que mène le groupe terroriste Al-Nosra. S’il fallait une autre preuve, elle est donnée par l’ex-épouse du chef de Daech qui a choisi, après sa libération, d’aller en Turquie avant de se rendre vers une destination inconnue, mais que l’on devine être le repaire des criminels en territoire syrien ou irakien pour rejoindre Daech. Les observateurs sincères, qui font leur travail honnêtement, n’ont pas cessé d’attirer l’attention sur l’implication du Qatar et de la Turquie, mais aussi de l’Arabie Saoudite, ne l’oublions pas, qui ont apporté aux extrémistes d’Al-Qaïda le soutien financier et militaire, sans lequel ils n’auraient pas pu nuire à la Syrie ni engendré ensuite le monstre Daech qui, visiblement, fait trembler les capitales occidentales, responsables, elles aussi, du drame vécu par le peuple syrien. Et l’Arabie Saoudite dans tout cela ? On dirait que le régime de Riyad cherche à se démarquer, sentant la menace venir de partout. Il n’a pas participé aux tractations entre Al-Nosra et le Liban, mais en plus il engage une offensive contre les idéologues des Frères musulmans. Al-Qods Al-Arabirapporte que les autorités saoudiennes ont ordonné le retrait, en urgence, de 80 ouvrages jugés subversifs parmi lesquels, tenez-vous bien, on trouve les noms d’Al-Qaradawi, mais aussi de Sayed Qotb et Hassan El-Bana, Tourabi, Maoudoudi, et d’autres moins connus des profanes. Cela ressemble à une opération de déradicalisation. Curieux !
H. A.
Comment (11)
Les commentaires sont fermés.