Une question d’honneur
Par R. Mahmoudi – Dans sa première et historique sortie publique, le général Toufik démontre qu’il est toujours armé d’une force morale inextinguible, qui est bien à l’image de la légende qu’il a incarnée pendant des décennies. Sa lettre est d’abord un baume extraordinaire pour tous ceux qui, y compris dans la société – comme en attestent les commentaires foisonnants que nous publions –, ont besoin de réconfort moral en ces moments d’incertitude, de confusion et de violence des mots. Son message est venu conforter dans leur jugement tous ceux qui voient dans la condamnation du général Hassan un procès politique, donc foncièrement inique, d’un homme qui a voué sa vie à la défense de la patrie, de l’Etat et de ses institutions. Avec les preuves irrécusables qu’il a apportées sur cette infamante condamnation, il ne reste plus à la justice – puisque le message s’adresse en premier lieu à ceux qui étaient en charge de l’affaire – de revoir le procès, en tenant compte de ce témoignage essentiel que les juges n’auraient pas voulu ou osé entendre lors du procès. Car en refusant de prendre la déposition d’un témoin clé, et en organisant le procès à huis clos, le tribunal militaire d’Oran en avait déjà préfiguré l’issue sur la base d’une appréciation incomplète de l’affaire. Le sentiment d’injustice chez l’ex-patron du DRS n’a d’égal que l’incompréhension qui a entouré, de bout en bout, cette affaire. En ce sens qu’il apparaît clairement que la justice n’a pas tenu compte d’un élément essentiel, à savoir, comme l’explique son ex-chef hiérarchique – rejoignant le général Nezzar dans son analyse –, que le responsable de la lutte antiterroriste du DRS était chargé de missions qui sont, par définition, secrètes et, de ce fait, était doté de prérogatives «lui permettant de mener des opérations en relation avec les objectifs fixés». Concernant l’accusation d’«infraction aux consignes générales», le général Toufik est le mieux placé, eu égard à sa fonction, pour juger la pertinence de l’opération qui a été confiée au général Hassan et pour laquelle il a été incriminé. «Il a géré ce dossier, écrit le général Toufik, dans les règles, en respectant le code de travail et les spécificités qui exigent un enchaînement opérationnel vivement recommandé dans le cas d’espèce». La question demeure de savoir pourquoi le tribunal militaire d’Oran n’a pas jugé utile de s’enquérir des circonstances de cette affaire avant de prononcer son verdict. Maintenant qu’il a le témoignage du chef hiérarchique de l’accusé, comment ce tribunal va-t-il réagir ? Au parquet d’y répondre. A défaut de quoi, le premier magistrat du pays est capable d’ordonner la libération immédiate du général Hassan. Il y va de la crédibilité de l’Etat et de l’honneur de la nation.
R. M.
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