Comment Sarkozy et Hollande ont offert la France aux Le Pen et mis les musulmans en danger
Les conséquences à moyen terme de la politique interventionniste inaugurée par Nicolas Sarkozy et poursuivie par François Hollande commencent à apparaître au grand jour. Le raz-de-marée historique du Front national, le parti d’extrême droite française, était prévisible à plus d’un titre. D’abord, parce que si la France a jusque-là échappé à l’avènement des partis extrémistes au pouvoir, contrairement à beaucoup d’autres pays d’Europe occidentale, les résultats des élections régionales indiquent désormais clairement que le Front national est parti pour une large victoire aux prochaines élections présidentielles prévues en 2017. Ensuite, la décision de Paris d’abandonner définitivement la doctrine de Jacques Chirac, fondée sur le principe de non-ingérence, a conduit à la mise sous tutelle des Etats-Unis de ce pays qui n’en a pourtant pas les moyens militaires, bien que la France soit une puissance nucléaire. Les interventions directes dans plusieurs pays musulmans ont achevé de faire de la France une cible pour les groupes islamistes armés, envers lesquels elle mène une politique contradictoire, les combattant au Mali et en Afghanistan, et les armant en Syrie et en Libye. Les derniers attentats qui ont secoué Paris, le 13 novembre dernier, ont donné lieu à une gestion médiatique maladroite qui, au lieu de contribuer à souder les rangs dans la société française, a, au contraire, poussé à la stigmatisation des musulmans sur lesquels furent focalisés les débats. En voulant absoudre la communauté musulmane de toute responsabilité dans les actes terroristes commis par des extrémistes religieux se proclamant de la religion musulmane, les médias dominants et la classe politique n’ont, en réalité, fait qu’aggraver les choses, en pointant le doigt sur cette frange devenue indésirable aux yeux du reste des Français. Le large vote en faveur de Marine et de Marion Le Pen, qui a dépassé 40%, et les chiffres globaux de ces élections régionales françaises enterrent définitivement une vieille tradition politique qui consistait en une alternance au pouvoir entre la gauche et la droite. Les Français sont, ainsi, de plus en plus nombreux à vouloir s’affranchir de ce système bicéphale, en renvoyant dos à dos le Parti socialiste et les Républicains, nouvelle appellation choisie par Nicolas Sarkozy dans l’hypothétique espoir de faire oublier sa politique désastreuse, aussi bien sur le plan interne qu’à l’étranger. Le flux incessant de migrants fuyant les zones de guerre créées par la France, l’incapacité de l’Europe d’y faire face et les avertissements sur la présence de terroristes déguisés parmi ces réfugiés inquiètent sérieusement les électeurs français qui se réfugient dans le programme du Front national dont le but premier est de sortir la France de l’Union européenne et de refermer les frontières. La communauté musulmane et les immigrés d’une façon générale sont en sursis. Leur sort dépend des corrections que le président Hollande devra apporter à la politique étrangère de la France, en revenant à la posture antérieure à l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir et en reconsidérant complètement la politique française du monde arabe.
Karim Bouali