Et le général Hassan ?
Par Kamel Moulfi – L'ouragan suscité par «l'intrusion médiatique» du très secret général Toufik a fait oublier l'objet de sa déclaration. En dehors du secteur public qui l’a complètement mise sous l’éteignoir, les médias ont tous commenté la sortie de l'ancien chef du DRS, mais certains ont paru ignorer le principal concerné par cet acte : le général Hassan qui se trouve en prison. Conscient que cette «intrusion médiatique» est un précédent, comme il l’a lui-même signalé dans sa déclaration, le général Toufik a pris soin d’alerter les médias – auxquels il a rendu hommage au préalable – sur les risques de dérapages liés aux commentaires inévitables qu’elle allait entraîner. Des journaux, émoustillés par ce scoop collectif, sont, malgré eux, passés à côté du sujet. Il est évident que la publication d’un tel document dans le contexte politique national actuel, émanant d’une personnalité longtemps entourée d’un halo de mystère, qui vient juste de quitter la tête des services de renseignements après avoir occupé ce poste durant 25 ans, n’est pas du tout un fait banal. On peut comprendre que certains journalistes et observateurs ne se sont pas suffi d’une simple lecture de la déclaration et sont allés – ils sont libres de le faire – chercher entre les lignes «autre chose» pour alimenter leurs articles. Mais les commentaires sur-politisés qui ont envahi de la scène médiatique ont fait passer au second plan, voire occulté chez certains journaux, ce qui a fait sortir le général Toufik de son silence légendaire : la défense d’un officier, le général Hassan, qui était son subordonné au DRS et qui purge une peine d’emprisonnement, injustement selon son ancien chef. C’est, visiblement, la référence au conflit qui secoue le pouvoir depuis quelques mois qui a dominé dans les commentaires des médias, alors que l’ancien chef du DRS, qui a pris soin de signer la déclaration de sa véritable identité, s’est efforcé, visiblement, de prendre toutes les précautions de style pour que ses propos ne soient pas ambigus et ne se prêtent pas à une lecture fausse ni à la déformation, consciente ou pas. Une relecture de sa déclaration fait ressortir nettement son unique message : il conteste la peine de cinq ans de prison infligée au général Hassan, par le tribunal militaire d’Oran, sous les accusations de «destruction de documents» et «infractions aux consignes générales», et il explique pourquoi il estime que ce verdict est injuste. Il a rappelé qu’il en est arrivé à rendre publiques ses appréciations sur cette affaire parce que le recours aux «voies réglementaires et officielles» n’a pas abouti. Pour le général Toufik, le plus urgent n’est pas dans «les tenants et aboutissants», c'est-à-dire comme il les qualifie «des questionnements légitimes», mais dans ce qu’il faut faire pour «réparer une injustice», c'est-à-dire la condamnation d’«un officier qui a servi le pays avec passion» et par là même, et au-delà de ce cas, il s’agit de «laver l’honneur des hommes qui, tout comme lui, se sont entièrement dévoués à la défense de l’Algérie». Les commentaires ont eu tendance, sans doute à juste titre, à amalgamer la situation du général Hassan avec celle du général Djamel Kehal Medjdoub, ex-chef de la garde présidentielle qui a été condamné à trois ans de prison, sous les accusations de «négligence» et «non-respect des consignes» et celle du général Hocine Benhadid, qui est en prison depuis deux mois pour «tentative d’atteinte au moral de l’armée». Faut-il s’attendre à des clarifications du général à la retraite Mohamed Mediene, qui a cassé par sa déclaration aux médias le tabou qu’il s’était lui-même imposé de ne pas intervenir publiquement ?
K. M.
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