Confrontation sans arbitres
Par R. Mahmoudi – L’alignement grossier et sans nuance du président de l’APN en faveur d’une partie contre une autre, dans ce duel à mort qui commence à inquiéter, a révélé, si besoin est, sa véritable nature d’homme de clan. Ceci, alors que son statut de «troisième homme de l’Etat» l’autorise, voire lui impose d’arbitrer les antagonismes politiques et de savoir rester au-dessus de la mêlée quand ces conflits en viennent à menacer l’équilibre des institutions, bien qu’il soit issu de la majorité, comme c’est le cas dans les régimes démocratiques. Certains ont voulu croire que son silence lors de la confrontation physique qui a eu lieu, sur sa tribune même, entre les députés de l’opposition et ceux de la majorité, la semaine dernière, était un signe de neutralité ou de «sagesse». Mais ses derniers propos l’ont sorti de sa réserve. Au final, avec un chef d’Etat malade qui s’enfonce dans son mutisme, un président du Sénat lui-même convalescent et, maintenant, un président du Parlement enrôlé par le clan au pouvoir, l’Algérie se retrouve – situation inédite – sans forces d’arbitrage dignes de ce nom. Si ce n’est pas une vacance de pouvoir, comment peut-on qualifier l’absence d’autorité politique à la tête de l’Etat ? On a connu en janvier 1992 une situation qui s’y apparente, au moment de la démission – ou de l’abandon de poste – du président de l’APN de l’époque, Abdelaziz Belkhadem, suivie de celle du président Chadli. Devant la démission de la classe politique dans son ensemble et les périls qui guettaient le pays, l’institution militaire fut la seule force capable de restaurer les équilibres et de sauver la République d’une mort certaine, en assumant son rôle constitutionnel pour une période de transition et en mettant chacun devant ses responsabilités. Il serait dommageable et moralement incongru qu’on en arrive à attendre de l’armée, un quart de siècle plus tard, qu’elle remplisse encore une fois la mission d’arbitre.
R. M.
Comment (15)
Les commentaires sont fermés.