Le coup de gueule de Boudjemaâ Talaï : «Arrêtons d’enrichir les compagnies maritimes étrangères !»
Le ministre des Transports, Boudjemâa Talaï, craint le pire pour le secteur de la marine marchande qui souffre d’un grave déficit en capacités. Intervenant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le ministre, qui n’est pas à son premier coup de gueule depuis qu’il est au poste, relève le risque que des projets de rattrapage prévus pour ce secteur névralgique pour l’économie nationale soient «abandonnés» à cause de manque de ressources financières. «Hormis les projets dont les budgets ont été dégagés et la réalisation entamée, les autres infrastructures et moyens de transports maritimes vont être différés», a-t-il prévenu. Le ministre ne semble cependant pas «content» de cette réalité. Pour lui, la marine marchandise a besoin d’être renforcée en moyens pour mettre un terme aux pertes estimées à 4 milliards de dollars par an. Il explique que le coût du transport des marchandises via les compagnies maritimes étrangères est surélevé. Il se répercute donc considérablement sur la facture des importations, déjà trop salée (près de 60 milliards de dollars en 2014). Les 4 milliards de dollars vont dans les caisses des armateurs européens et asiatiques, notamment turques et grecques. «Arrêtons d’enrichir les compagnies maritimes étrangères», a affirmé Boudjemâa Talaï qui regrette que la marine marchande ne dispose actuellement que de 6 navires contre les 78 à la fin des années 1980. «Nos bateaux ont été déclassés, réformés ou sont “sous l’eau”», a-t-il fait observer, insistant sur le fait que «ce qui nous reste comme flotte ne permet de transporter que 2% de nos marchandises, le reste du fret étant acheminé par des bateaux étrangers». Il espère ainsi que la chute des recettes pétrolières qui perdure ne va pas compromettre le plan d’acquisition prochaine de 26 navires. Des navires indispensables pour pouvoir augmenter à 30% le transport de fret algérien. Cela surtout que le Maroc a mis les moyens ces dernières années avec l’inauguration du méga port de Tanger. Beaucoup de marchandises destinées au marché algérien transitent par soit le port de Marseille, soit par celui de Tanger. Le ministre des Transports a également reparlé de la compagnie aérienne nationale Air Algérie, en affirmant qu’elle doit désormais fonctionner comme une «vraie compagnie». Dans le cas contraire, elle «est fichue». Le ministre se montre plus ou moins optimiste. Il considère que l’actuelle équipe dirigeante essaie de redresser la barre, en misant notamment sur la formation et une remise à niveau des services pour plus de respect des normes de ponctualité. A cela s’ajoute l’acquisition de nouveaux aéronefs. Selon le ministre, Air Algérie totalisera 59 appareils opérationnels d’ici fin 2016.
Hani Abdi