Les musulmans de France appellent à «cesser les perquisitions et les arrestations arbitraires»

Depuis les attentats de Paris en novembre dernier, la France vit sous l’état d'urgence. Une situation vivement ressentie par, notamment, les Français d'origine maghrébine et nos émigrés. Beaucoup d'abus ont été commis. Des abus qu'une centaine d'associations ont dénoncé dans un appel rendu public aujourd'hui. Sous l'intitulé «Sortir de l'état d'urgence», ces associations décrivent un climat délétère, de suspicion et de méfiance qui s'installe au sein de la société française et qui fait comme premières victimes les émigrés et les Français d'origine maghrébine. «En réaction à l’horreur des attentats, l’état d’urgence a été décrété par le gouvernement, puis aggravé et prolongé pour une durée de trois mois. Nos organisations ont immédiatement exprimé leurs craintes vis-à-vis de ce régime d’exception ; ces craintes sont aujourd’hui confirmées par l’ampleur des atteintes aux libertés constatées depuis quelques semaines», écrivent ces associations dans leur appel. Elles affirment qu'elles sont en train d'assister à «un véritable détournement de l’état d’urgence qui cible également des personnes sans aucun lien avec des risques d’attentat. Ces abus doivent cesser», martèlent ces organisations de défense des libertés et des droits de l'Homme, depuis le 13 novembre 2015, les interdictions visant les mobilisations sur la voie publique se multiplient. «Manifester n’est plus un droit, et les rares concessions accordées par les préfectures, qui attendent souvent le dernier moment pour informer de leurs intentions, entravent dans les faits son exercice», dénoncent-elles. L’interdiction des rassemblements et manifestations entraîne la multiplication des arrestations, des gardes à vue, des assignations à résidence, un fichage policier des militants, et, pour quelques-uns, des condamnations. «Qui peut croire que cela soulage les autorités ? La censure, ici, s’avère doublement contre-productive», préviennent ces associations selon lesquelles l’état d’urgence autorise par ailleurs des perquisitions sur ordre des préfectures, de jour comme de nuit, en dehors de tout cadre judiciaire, sur le fondement de fiches possiblement erronées, de dénonciations, d’informations et de soupçons sujets à caution. Elles font part de plus de 2 600 intrusions discrétionnaires qui sont intervenues à domicile, dans des mosquées, des commerces, interventions souvent violentes, sans qu’aucune mise en examen pour terrorisme n’ait eu lieu. «Rien n’indique qu’une telle frénésie va s’arrêter, chacun peut en être victime», font remarquer ces associations qui craignent ainsi le pire pour les Français d'origine maghrébine. «Ces graves restrictions sont, d'après les signataires de cet appel, appliquées sans distinction et de manière massive, d’autant que les juridictions administratives ont montré qu’elles s’en accommodent, quitte à ce que les libertés en souffrent». Ces associations estiment ainsi que ce ne sont pas «les terroristes qui sont terrorisés», mais plutôt «des jeunes et des populations qui sont actuellement victimes de l’arbitraire en raison de leur origine et/ou de leur religion». Ces associations appellent les autorités françaises à «jouer leur rôle de garants de la défense des droits et des libertés publiques, rétablir, sans délai, le droit plein et entier de manifester, cesser les perquisitions et les assignations à résidence arbitraires et à agir dans le cadre de procédures judiciaires, mettre en place des garanties effectives de contrôle et lever l’état d’urgence. L'appel de ces associations, organisations syndicales et ONG internationales sonne comme un signal d'alarme contre les graves dérapages commis au nom de la lutte antiterroriste.
Sonia Baker
 

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