Archaïque et misogyne
Par Kamel Moulfi – Abderrezak Mokri et son parti, le MSP, sont hostiles à toute mesure qui peut faire avancer la société algérienne dans la voie du progrès. Lui-même et ses députés ont bloqué pendant des mois le vote au Conseil de la nation, de la loi qui protège les femmes contre les violences de toutes sortes qu’elles subissent au quotidien. Quand, finalement, la loi est passée, ils ont tiré à boulets rouges sur tous ceux qui ont contribué à imposer ce texte. La position conservatrice, voire réactionnaire – pour utiliser un concept qui fut longtemps à la mode – de Mokri et ses militants, repose sur des arguments religieux fallacieux qui défavorisent les femmes et tendent à les maintenir dans la situation de mineures à vie. Mais venant de Mokri, cette argumentation ne surprend pas. Par contre, là où il se hasarde vraiment, et derrière lui ses députés, c’est lorsqu’il accuse les autorités d’avoir fait passer la loi sur la violence contre les femmes, sous la pression d’institutions étrangères, en pensant certainement à l’exigence pour l’Algérie de se conformer au droit et aux standards internationaux en la matière. Comme si, pour créer les conditions de l’émancipation de la femme algérienne, notre société n’attendait qu’un signal venu de l’extérieur du pays. La libération de la femme des entraves archaïques en Algérie a commencé avec la lutte armée pour l’indépendance à laquelle elle a participé activement dans les réseaux urbains de résistants et dans les maquis et, plus visible, lors des manifestations décisives de décembre 1960. Et, aujourd’hui, il est normal que la femme soit à tous les postes et dans l’espace public, au même titre que les hommes. Cette loi intervient pour la défendre contre une minorité qui continue de cultiver l’archaïsme dans la société algérienne et que le MSP de Mokri encourage et cherche à perpétuer. Tous les prétextes sont bons pour Mokri quand il s’agit de bloquer la société. Mais il devrait se garder d’invoquer celui de l’influence étrangère sur notre pays, lui dont les accointances avec le régime turc d’Erdogan ne sont plus à nier. A ce propos, il serait intéressant de savoir ce qu’il pense de l’accord secret que vient de passer son mentor turc avec le régime de Tel-Aviv, pour entraîner la Turquie dans la compromission avec Israël au détriment de la lutte des Palestiniens.
K. M.
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