Le spectre de la rue
Par Houari Achouri – La levée de boucliers contre la loi de finances 2016, à cause de son contenu antisocial, a amené le gouvernement à multiplier les déclarations visant à rassurer la population sur sa démarche en essayant de lui faire croire que «rien ne changera». Aux partis politiques et aux syndicats qui avertissent que cette loi va brader les entreprises publiques et «affamer le peuple», le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le ministre des Finances, Abderahmane Benkhalfa, répondent, l’un, que les secteurs stratégiques, à l’exemple de Sonatrach et Sonelgaz, ne seront pas touchés par la vague de privatisation annoncée et, l’autre, qu’aucune mesure d’augmentation des prix n’a été prise. Les informations sur la corruption qui touche certaines entreprises publiques montrent clairement où se situent les failles à corriger, c'est-à-dire essentiellement dans les actes de mauvaise gestion qui restent impunis. La relance du dossier de l’accession à l’OMC confirme les appréhensions non seulement dans la classe politique et chez les quelques syndicats qui remplissent réellement leur mission de défense des droits des travailleurs et de l’intérêt national, mais également au sein d’une grande partie de la population qui constate déjà que son pouvoir d’achat a subi une dégringolade inquiétante et, visiblement, cette érosion n’en est qu’à son début. Le refus du gouvernement d’écouter les critiques exprimées sur la loi de finances 2016 et d’en tenir compte autrement que par des paroles d’apaisement, jugées trompeuses par les opposants à ce texte, risque de porter le mécontentement dans la rue. C’est l’éventualité à laquelle se préparent ces derniers qui ont annoncé la création d’une structure de coordination pour mener, légalement, ont-ils précisé, la lutte contre cette loi. La crise est déjà là, ses effets commencent à se faire sentir et pour y remédier, le gouvernement cherche le moyen d’imposer des mesures d’austérité qu’il ne veut pas appeler par leur nom, mais dont les couches vulnérables qui forment la plus grande proportion dans la population seront la cible inévitable, d’où le risque du retour au déséquilibre social de la charnière fin des années 1980-début des années 1990.
H. A.
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