On n’avance pas du tout
Par R. Mahmoudi – Les circonvolutions actuelles donnent l’impression que la scène politique est de nouveau animée, après une longue léthargie. Pourtant, en dehors des échanges lascifs et des logorrhées interminables de deux ou trois dirigeants survoltés qui remplissent les espaces médiatiques, tout est resté en réalité figé. Désespérément figé. Dans la société, et même dans les microcosmes politiques, on n’avance pas du tout. Il y a une exubérance de discours, de conciliabules suivis de longs communiqués et de commentaires à profusion sur les réseaux sociaux, mais peu ou pas d’actions sur le terrain. Aucune des «initiatives» lancées par les différents partis politiques, à commencer par celle du FFS, qui veut réconcilier à tout prix le pouvoir avec l’opposition, jusqu’à celle du FLN visant à recréer un nouveau parti unique, en passant par la plateforme de la CLTD qui prône un changement offert sur un plateau, n’arrive à rompre ce ronron dans lequel a sombré notre classe politique. Cette dernière laisse un vide immense qui risque d’être occupé par des forces maléfiques, lesquelles ont déjà prouvé ailleurs leur efficacité. L’immobilisme a aussi atteint la société civile et les élites qui ne jouent plus leur rôle d’avant-garde de la société, parce qu’elles sont tout aussi éloignées des préoccupations des Algériens. Tout le monde – syndicats, associations, artistes, imams – a l’air de lutter pour sa survie, abandonnant à son sort une jeunesse sans repère et sans perspectives. Le pouvoir et les états-majors politiques ont encore une fois l’occasion d’aller vers la société, de construire un vrai contrat social, en soumettant au débat ce fameux projet de la révision constitutionnelle et en expliquant aux citoyens les défis auxquels ils sont confrontés –comme cela se fait dans tout pays qui se respecte –, mais il ne faut rien espérer encore cette fois-ci. Tous sont d’avis que tout doit se passer dans l’opacité et dans le cercle des initiés, et que les citoyens doivent être minorisés à vie.
R. M.
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