L’Occident et nous
Par Rabah Toubal – Chaque jour, les médias nationaux et étrangers se font l'écho, avec leur alarmisme habituel, d'informations sur les tares et lacunes diverses que certains pays occidentaux, qui se prennent pour la conscience du monde, traînent encore. L'une des plus récentes concerne les scandales de corruption qui secouent actuellement la Fédération internationale de football, la Fifa, dans lesquels sont directement impliqués les principaux dirigeants de cet organisme dont le siège est à Zurich, en Suisse. Ces scandales nous rappellent les innombrables «affaires» d'escroquerie et de corruption qui ont sérieusement et durablement terni l'image et la réputation des pays occidentaux où ils ont eu lieu. Ils rappellent aussi les sanglantes invasions de l'Irak et d'autres pays sur la base de mensonges. Les va-t-en-guerre de ces pays sont les héritiers des chantres du colonialisme et de l'impérialisme purs et durs. Au nom du prosélytisme religieux et de l'expansion de leur modèle politique, économique et social, ils ont occupé plusieurs nations, sur les cinq continents, en massacrant les populations autochtones, aborigènes ou indigènes, victimes de génocides barbares et soumises par le fer et le feu à leur volonté prédatrice. Ces va-t-en-guerre sont aussi les héritiers de ceux qui se sont entretués pendant des siècles, avant de terminer par deux guerres mondiales particulièrement meurtrières, qui ont eu lieu sur leur sol. Sans oublier, en ces lendemains de la COP21, les dommages, souvent irréparables, que leur course effrénée au développement industriel, militaire et économique a causés à l'environnement mondial.
Une nouvelle politique devient aujourd'hui urgente, afin d'atténuer les dérives et les abus divers que la politique excessivement matérialiste de l’Occident a engendrés durant des siècles. Car la politique suivie jusqu'à présent par la majorité des pays occidentaux est essentiellement fondée sur le principe «démocratique» de la dictature de la majorité octroyée par les urnes et l'usage qu'il permet, sur les plans interne et externe, de la force. L'injustice, l'occupation et l'annexion de territoires étrangers, l'exploitation sauvage de leurs ressources humaines et naturelles et la destruction de leur civilisation et culture en sont le credo. Les expériences positives menées par certains pays d'Asie, d'Amérique latine, d'Afrique et d'Europe du Nord sur les plans politique, économique et social, notamment, devraient être également prises en considération, car le monde en a grandement besoin, en ces temps de crise durable, qui multiplie les zones de tension régionales et les menaces grosses de tous les risques pour la paix et la sécurité internationales.
Le défunt professeur Mohamed Arkoun(*) a eu certainement raison lorsqu'il a écrit qu'«aujourd'hui, nous assistons à un choc des ignorances institutionnalisées» et non pas à un choc des civilisations, comme le prétend le politologue américain, Samuel Huntington, dans son fameux article éponyme. C'est effectivement l'égocentrisme de l'Occident et sa volonté de domination du monde, qui l'ont poussé à ignorer, mépriser et nier aveuglément les autres civilisations et cultures et leur précieuse contribution à la civilisation universelle.
Le recul que les mouvements d'extrême droite commencent à connaître dans certains pays occidentaux et, notamment, la gifle que le peuple français a assénée au Front national, lors des dernières élections régionales qui ont eu lieu récemment en France, constituent un signe fort quant à l'espoir de réduire le gap d'incompréhension qui existe entre les différentes communautés qui forment la plupart des sociétés occidentales et, notamment, entre leur minorité musulmane et la majorité chrétienne.
R. T.
(*) De Manhattan à Bagdad. Au-delà du bien et du mal, co-écrit avec le Pr Joseph Maïla.
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