Le pétrole poursuit sa chute : le budget de 2016 menacé
Le prix du baril du pétrole continue de dégringoler. Aujourd’hui, en début d’après-midi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 36,78 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 16 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» (WTI) pour la même échéance gagnait, pour sa part, 10 cents à 36,91 dollars. Les références européenne et américaine du brut avaient perdu chacune environ 3% lundi, après la publication d’indicateurs inquiétants en Chine et au Japon et la présentation d'un budget saoudien ne laissant entrevoir aucune mesure de soutien pour le marché. Les cours restent ainsi déprimés ce mardi et risquent de chuter encore davantage les prochains jours. Mais déjà, à 36 dollars le baril, l’Algérie est très fortement menacée dans ses dotations budgétaires pour l’année 2016 en ce sens que la loi de finances, qui sera signée demain par le président Bouteflika, a été élaborée sur la base d’un baril de pétrole à 37 dollars. Un dollar de moins déjà. Et l’avenir n’augure rien de bon pour le marché pétrolier. La poursuite de la chute des prix du pétrole signifie tout simplement la perte continue de l’Algérie de son pouvoir d’achat et de ses capacités financières qui lui permettaient jusque-là de maintenir un semblant de paix sociale et de stabilité dans le pays. La crise économique qui a commencé dès les premières baisses du prix du pétrole au début de l’été 2014 s’accentue de jour en jour, découvrant ainsi l’ampleur du désastre qui est difficile à contenir rapidement. Des plans de réformes visant essentiellement à réduire les importations montrent leurs limites, puisque la facture des produits importés reste trop lourde à supporter avec les faibles rentrées de devises actuellement. Le déficit de la balance commerciale a dépassé, en 2015, les 10 milliards de dollars et les réserves de change ne cessent de baisser, menaçant sérieusement la santé macroéconomique du pays et sa solvabilité au crédit et endettement international. L’espoir de voir les prix du baril remonter s’effiloche sous la mollesse et l’incapacité de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont Ryad est considéré comme le chef de file, à mettre un frein à l’effondrement du marché. L’année qui arrive s’annonce d’ores et déjà difficile pour les Algériens.
Sonia Baker