Sans le citoyen
Par R. Mahmoudi – Un nouveau «conseil restreint» sous la présidence du chef de l’Etat pour examiner l’avant-projet de révision de la Constitution, mais encore une fois, rien de vraiment capital dans ce qui a été décidé. Rien qui puisse changer la vision des Algériens sur ces réformes politiques qu’on leur promet depuis des lustres. On a l’impression que ce conseil se réunit plutôt pour combler un vide politique ou, plus précisément, pour suppléer une vacance de pouvoir perceptible à tous les niveaux de la décision politique. C’est l’occasion pour le Président, absent de la vie publique, d’apparaître devant les caméras et de prouver sa «pleine capacité» de diriger les affaires de l’Etat. Car, dans le fond, toute cette mystification entretenue sur la révision de la Loi fondamentale contraste avec la façon même dont ce projet est présenté et sera soumis demain pour adoption. D’abord, on sait désormais que l’adoption passera par voie parlementaire. C’est ce que laisse clairement entendre un passage du communiqué de la Présidence qui indique que la révision en question «n'affecte d'aucune manière les équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions». C’est dans l’article 176 de la Constitution. «Lorsque de l'avis motivé du Conseil constitutionnel, un projet de révision constitutionnelle ne porte aucunement atteinte aux principes généraux régissant la société algérienne, aux droits et libertés de l'homme et du citoyen, ni n'affecte d'aucune manière les équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions, le président de la République peut directement promulguer la loi portant révision constitutionnelle sans la soumettre à référendum populaire si elle a obtenu les trois quarts des voix des membres des deux chambres du Parlement». Cela dit, cette même Constitution n’interdit pas a priori au chef de l’Etat de soumettre un projet, aussi minime soit-il, au suffrage populaire. Pourquoi donc avoir opté pour cette voie ? Pourquoi exclure le citoyen d’un débat qui est censé porter des préoccupations qui le concernent en premier chef ? Pourquoi le priver d’une participation à la vie nationale et l’éloigner davantage de la chose politique, à l’heure où on se plaint de la dégénérescence de la classe politique et des périls qui menacent la cohésion nationale de toute part ?
R. M.
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