Malgré les procès pour corruption : le partenariat entre Sonatrach et ENI n’a jamais été aussi prospère
Alors que le procès de l’affaire Sonatrach 1 est à sa quatrième audience au niveau du tribunal criminel d’Alger, et que le dossier ENI-Sonatrach est en cours d'instruction en Italie, les deux sociétés pétrolières continuent de faire affaire. C’est ce que révèle le communiqué du Conseil des ministres tenu hier mercredi sous la présidence du chef de l’Etat, indiquant qu’un projet de décret présidentiel présenté par le ministre de l'Energie, et portant approbation d’un avenant signé par Sonatrach avec la société italienne «ENI-Algeria», a été soumis à l’étude et à l’approbation du Conseil lors de ses délibérations. L’avenant n°4 au contrat d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures sur le périmètre dénommé Zemoul El-Khbar (bloc 403.d) porte sur une prorogation de cinq années, à compter du 8 juillet 2015, de l'exploitation par les deux partenaires du gisement d'hydrocarbures de Rhoude Messaoud Est. C’est la preuve que les deux entreprises pétrolières sont loin d’être inquiètes pour leur survie, encore moins pour la bonne marche de leur partenariat, par les poursuites judiciaires enclenchées dans les deux pays. Et c’est la preuve aussi qu’aucune mesure coercitive ou préventive n’a été prise par les gouvernements algérien ou italien pour amener les deux sociétés au moins à revoir leur relation de partenariat en dépit de leur implication avérée dans de grosses affaires de corruption qui font aujourd’hui scandale, ici comme sur l’autre rive de la Méditerranée. Pourtant, de lourdes peines ont déjà été prononcées et d’autres encore sont envisagées contre de hauts responsables de ces compagnies, alors que l’affaire promet de nouvelles révélations qui risquent de compromettre l’avenir même de ces deux géants de l’énergie. Pour ce qui concerne Sonatrach, les malversations impliquent d’autres sociétés mixtes, comme le groupe algéro-allemand Contel Funkwerk, dont le PDG a été entendu mercredi dans l’affaire Sonatrach 1. Ce responsable est accusé d’entretenir des relations personnelles avec le fils de l’ancien patron de Sonatrach pour bénéficier de marchés. Celui-ci risque une condamnation pour infraction au code algérien des marchés publics. Mais cela ne déteindra en aucune façon sur l’avenir du partenariat entre les deux sociétés. Au lieu de chercher, en amont, les failles qui ont permis une violation aussi massive de la loi en vigueur, les autorités tentent, par le biais du parquet, de circonscrire les problèmes dans des défaillances personnelles sans incidence notable sur la gestion globale de l’entreprise. Encore que certains anciens responsables de premier rang, à l’image de l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, cité dans cette affaire de pots-de-vin avec la filiale d’ENI, Saipem, échappent toujours à la justice. L’éthique et le bon sens voudraient, pour ce qui concerne l’affaire Sontarach-ENI, que le partenariat entre les deux compagnies soit au moins gelé jusqu’à son dénouement final. Car rien ne prouve que les mêmes tares ne risquent pas, à l’avenir, de se reproduire.
R. Mahmoudi