Rupture des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran : le Moyen-Orient sur une poudrière
L’annonce de la rupture des relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite et l’Iran prélude à un embrasement généralisé dans la région du Moyen-Orient. L’exécution par Riyad de quarante-sept chiites, dont une référence religieuse, a achevé d’empoisonner les relations déjà tendues entre le régime wahhabite et les mollahs. En toile de fond des conflits qui s’enlisent dans cette partie du monde musulman, se profile une confrontation ouverte entre sunnites et chiites qui risque de déboucher sur une guerre entre, d’un côté, les monarchies du Golfe appuyées par leurs alliés sunnites de la région et, de l’autre, l’Iran que soutiendront les chiites de Syrie, d’Irak, du Bahreïn, du Koweït, mais aussi d’Arabie Saoudite, outre le Hezbollah libanais. Le Golfe risque, ainsi, de voir éclater une série de conflits interconfessionnels internes. La décision hasardeuse de Riyad d’intervenir militairement au Yémen allait inexorablement déboucher sur une extension du confit à l’ensemble de la région. Parallèlement à cette action à laquelle prennent part les membres du Conseil de coopération du Golfe et quelques pays arabes redevables à l’Arabie Saoudite pour ses «cadeaux» – à l’instar du Maroc, de la Jordanie ou encore de l’Egypte du général Al-Sissi, au profit de laquelle Riyad vient de financer l’achat d’un porte-avions de fabrication française –, le soutien de Riyad à la rébellion syrienne n’était pas sans comporter de risques majeurs. Les mises en garde du président syrien Bachar Al-Assad, depuis les premiers jours du déclenchement de la guerre civile dans son pays, étaient amplement justifiées. On ne sait pas, pour l’heure, si les développements dangereux qui menacent tout le Moyen-Orient d’une guerre régionale qui risque d’être longue, dévastatrice et dont les effets impacteraient l’ensemble des pays musulmans, sont la conséquence de l’impéritie des décideurs politiques saoudiens ou si cela fait partie du plan de redéfinition de la carte du «monde arabe», le fameux Grand Moyen-Orient (GMO) par les Etats-Unis, qui entrerait, ainsi, dans une nouvelle phase. Nous y reviendrons.
M. Aït Amara