Révision de la Constitution : les explications d’Ahmed Ouyahia

Le chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a tenté, aujourd’hui mardi, dans une conférence de presse tenue à Djenane El-Mithak, de faire passer l’avant-projet de révision de la Constitution pour une grande réforme politique. Et pas seulement. Ahmed Ouyahia a également essayé de «vendre» à l’opinion le côté social et économique de ce projet qui parle de l’enfance, de l’économie, des droits de la femme, de l’eau, de l’agriculture, de l’investissement, du commerce, de la corruption, de l’évasion fiscale, de la concurrence déloyale, des notions génériques qui existent dans des textes législatifs. Mais, avoue le conférencier, ce sont des notions qui ne sont pas respectées «par l’Etat lui-même». C’est donc pour cette raison, explique-t-il, qu’elles figurent dans cette révision constitutionnelle. Il évoque aussi le retour à la limitation des mandats, supprimée en novembre 2008 pour permettre à l’actuel Président de briguer un troisième puis un quatrième mandat. Pour justifier ce retour à la limitation des mandats, Ouyahia a dû user de tout son savoir-faire politique. Selon lui, la «dé-limitation» des mandats, qu’il a soutenue en 2008, a été une exception voulue par le peuple. Autrement dit, ce n’était pas le président Abdelaziz Bouteflika qui voulait rester au pouvoir. Ahmed Ouyahia refuse ainsi le qualificatif de «violation» de la Constitution. Selon lui, il n’est pas juste de dire que chaque chef d’Etat fait sa Constitution. Car, selon lui, la Constitution de 1976 a repris celle de 1963. Et la Constitution de 1996 a été une reproduction de celle de 1989. Et c’est cette même Constitution qui a été amendée en 2001 et en 2008. Pour lui, il s’agissait plutôt d’enrichissement. Ahmed Ouyahia estime que cette révision est l’émanation du «dialogue national», assurant que l’avant-projet de révision de la Constitution a pris en compte 70% des propositions formulées par les participants aux consultations. Pour lui, «toutes les parties ont été associées à ces consultations, entamées en 2011, à savoir les partis politiques, les différentes personnalités nationales ainsi que les représentants de la société civile». Interrogé sur l’appréciation de l’opposition qui estime que la révision du texte fondamental du pays est un «non-événement», M. Ouyahia affirme que ce dernier consacre «précisément la liberté d’opinion et d'expression à l’opposition, laquelle est libre de s’exprimer comme elle le souhaite». Ahmed Ouyahia ajoute en précisant que le droit de manifester est garanti dans les 47 wilayas du pays. A Alger, il parle d’une exception qui confirme la règle. Ahmed Ouyahia rassure sur les capacités du président Bouteflika à exercer «ses fonctions en instruisant le gouvernent et en suivant l’exercice du pouvoir législatif». Le chef de cabinet de la présidence de la République présente l’officialisation de tamazight comme un grand acquis. C’est un grand pas pour la prise en charge de la question identitaire en Algérie. Ahmed Ouyahia considère que cette révision consacre davantage la démocratie. Questionné sur justement le non-agrément de partis politiques, Ahmed Ouyahia s’est montré évasif, se contentant de dire que la création d’un parti est un droit garanti par la Constitution, mais qui est soumis à des conditions définies par la loi. Sur un autre sujet, celui de la loi de finances qui consacre des augmentations de plusieurs produits, Ahmed Ouyahia estime que ces augmentations sont sans impact sur le pouvoir d’achat des Algériens. Pour lui, les Algériens sont habitués aux situations difficiles et ont l’esprit de partage. Ahmed Ouyahia considère que la crise économique est passagère et que l’Algérie a les moyens d’y faire face.
Sonia Baker

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