Repentance ?
Par R. Mahmoudi – A bien des égards, la nouvelle Constitution qui vient d’être dévoilée paraît être celle de la «repentance». Repentance d’un président qui, sentant peut-être la fin, veut expier tous les «péchés» qu’il a cumulés depuis son arrivée au pouvoir. D’abord, sa repentance sur la langue amazighe, dont il avait dit un jour, alors qu’il était à l’apogée de sa puissance, qu’elle «ne sera jamais» langue nationale, et que si elle devait l’être, elle le serait «par voie référendaire». Puis sur la limitation des mandats présidentiels – qui devient même une des constantes de la Constitution – qu’il a lui-même consciemment violée pour s’offrir une présidence à vie, comme l’aurait rêvé tout potentat. A travers cet amendement, il faut voir une façon pour Bouteflika de reconnaître une faute, plutôt qu’un symptôme de mégalomanie trahissant sa volonté d’empêcher ses successeurs de profiter du pouvoir jusqu’à l’abus. Le troisième point, dans la nouvelle mouture de la Loi fondamentale, concerne l’interdiction à tout citoyen ayant vécu plus de dix ans hors du pays d’accéder aux hautes responsabilités. Cette disposition qui fait actuellement polémique touche visiblement beaucoup de monde au sein du sérail. On pourrait même l’interpréter comme une manière pour le chef de l’Etat de demander rétroactivement pardon pour avoir lui-même été absent pendant de longues années durant sa fameuse «traversée du désert». Bien d’autres amendements dénotent une volonté de Bouteflika de rectifier les errements dans lesquels il a fourvoyé tout le monde, reconnaissant implicitement l’ampleur des fraudes électorales dans le pays – dont celles par lesquelles il a été élu et réélu –, à travers, notamment, la mise en place d’une instance indépendante de surveillance des élections. Mais malgré tous ces garde-fous, rien ne garantit que les dernières volontés du Président seraient respectées et ne seraient pas galvaudées comme toutes les réformes lancées dans ce pays depuis l’Indépendance.
R. M.
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