El-Watan publie l’enregistrement d’Ali Haroun qui confirme que ses propos ont été extrapolés
Le quotidien El-Watanvient de publier une mise au point de son correspondant à Paris qui a réalisé l’interview avec l’ancien membre du Haut Comité d’Etat (HCE), Ali Haroun. Dans l’enregistrement audio qui accompagne la mise au point, les propos de ce dernier, enregistrés dans un bus, confirment, dans ses parties les plus audibles, qu’il n’a été fait appel à aucune personnalité pour prendre la présidence de la République après la démission de Chadli Bendjedid et l’arrêt du processus électoral en janvier 1992. «On n’a pas pensé à un historique», a rétorqué tout de go Ali Haroun au journaliste qui l’interrogeait sur les informations faisant état d’une proposition faite à Hocine Aït Ahmed de remplacer le président démissionnaire. La partie de l’enregistrement (voir lien ci-dessous) qui attribue à l’ancien responsable de la Fédération de France les propos contredisant ceux du général à la retraite Khaled Nezzar n’est pas exploitable et on n’entend pas Ali Haroun dire ce que le journaliste d’El-Watanlui fait dire dans la transcription de l’interview publiée par le quotidien francophone, au lendemain d’une déclaration faite par l’ancien ministre de la Défense nationale. «(…) Voilà, on lui a proposé», entend-on dire Ali Haroun, vaguement, sans qu’il soit clairement indiqué qu’il parle d’une «proposition pour le poste de président de la République». Puis, plus loin, Ali Haroun dit : «Le 2 janvier, on lui en a parlé», mais, là non plus, il n’est pas explicitement fait référence à un quelconque poste. Le général Nezzar a confirmé, dans une conférence de presse tenue récemment, qu’Aït Ahmed avait été approché par le général Touati pour lui demander de «participer à une transition» en vue d’«un rétablissement immédiat du processus électoral». Ali Haroun explique, par ailleurs, que face à la vacation de pouvoir, il a été fait recours aux articles de la Constitution qui stipulent que le président du Conseil constitutionnel occupe la fonction de président pendant quarante-cinq jours pour organiser, dans l’intervalle, une nouvelle élection présidentielle. «Mais le président du Conseil constitutionnel a refusé, arguant que Chadli n’était pas mort.» Ali Haroun dément, à ce propos, que l’ancien président Chadli Bendjedid ait été déposé. «Le 9 janvier (1992, ndlr) Chadli démissionne. Beaucoup diront que l’armée – ou je ne sais pas qui – lui a mis le revolver sur la tempe pour l’obliger à démissionner. Encore faut-il le prouver», a-t-il assuré. Ali Haroun affirme avoir posé la question «personnellement» à Chadli. L’ancien président a eu cette réponse : «Jamais de la vie ! J’ai démissionné parce que j’estimais qu’il fallait que je démissionne.» Ali Haroun rappelle que le défunt «n’a jamais dit tout au cours de sa vie qu’il avait été obligé à démissionner». «Quand un coup d’Etat est mené, le président (déchu, ndlr) est soit tué, soit emprisonné, soit placé dans un camp ou bien on l’exile», a relevé l’ancien ministre des droits de l’Homme. Pour lui, Chadli aurait pu le dire lorsqu’il s’était rendu en Belgique pour y subir des soins. «Si jamais il avait fait l’objet d’une violence, il l’aurait dit à partir de la Belgique ; il serait resté là-bas et des pays "amis" l’auraient financé comme ils ont financé Ben Bella», a soutenu Ali Haroun, ajoutant que Chadli «est revenu en Algérie et il est mort en Algérie».
M. Aït Amara