Un «non-événement» ?
Par M. Aït Amara – Ali Benhadj reprend son bâton de pèlerin et sillonne le pays pour prêcher la «bonne parole». Il a posé ses valises à Oued Rhiou, où les autorités locales semblent avoir reçu l’ordre d’organiser le cirque à ce clown qui jouit désormais de la protection du pouvoir en place. Une banderole dénonçant l’arrêt du processus électoral est exhibée derrière lui, par deux de ses lieutenants, tandis qu’une poignée d’hommes de main trapus et vêtus à la saoudienne assurent vraisemblablement sa sécurité. Loin derrière eux, se tiennent quelques agents de l’ordre en tenue qui suivent le numéro nonchalamment, mais, n’ayant pas reçu l’ordre d’Alger d’empêcher le cirque, se fondent dans la foule peu nombreuse et regardent impuissants l’«imam» tenir son sermon à même la rue. Rassemblement improvisé ? Difficile d’y croire dans ce contexte particulier où une campagne effrénée est menée contre les artisans de l’interruption des élections de 1991 qui allaient livrer les Algériens pieds et poings liés à une cohorte de barbares aspirant à enterrer la République et à lui substituer un califat moyenâgeux. Face à l’amuseur, quelques citoyens se sont attroupés pour suivre le numéro, mais, aux lamentations du turlupin, ils ne semblent accorder aucun intérêt. On est loin des années 1990 où les réseaux sociaux n’existaient pas et où les charlatans du FIS pouvaient encore jouir du pouvoir de manipuler l’opinion à coup de promesses métaphysiques. Mais, a contrario, la situation politique, sociale et économique actuelle est, elle, porteuse de tous les dangers, si bien que ces prosélytes ont gardé toute leur capacité de nuisance et rien ne dit qu’ils ne pourront pas, si la loi sur la réconciliation nationale ne leur est pas appliquée dans toute sa rigueur, ramener le pays vingt-cinq ans en arrière. La polémique qui fait rage autour d’une décision salvatrice prise en 1992 prouve que la page de l’extrémisme religieux n’est pas encore tournée et que la mèche de la violence islamiste n’est pas tout à fait éteinte. Ceux qui ont permis à Ali Benhadj de déverser sa haine sous protection policière jouent avec le feu. Pour l’instant, ce guignol n’arrive pas encore à réunir ces milliers de salafistes barbus, en tenue wahhabite, les yeux bordés de khôl et prêts à prendre les armes, qui criaient jusqu'à la transe lorsqu’il les haranguait dans l’enceinte de l’imposant stade du 5-Juillet, à Alger. Mais cela ne devrait pas tarder à arriver si Ouyahia continue de prétendre que la main tendue par la Présidence au terroriste Madani Mezrag est un «non-événement»…
M. A.-A.
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