Al-Jazeera ferme ses chaînes l’une après l’autre : vers la mort d’un média de propagande islamiste
Al-Jazeera, qui a fêté ses vingt ans d’existence en 2015, bat de l’aile. Ce média qatari, qui bénéficie depuis son lancement d’importants moyens humains et matériels mobilisés par la famille régnante, s’enfonce de jour en jour dans la crise qu’il a connue au lendemain de ce qui est appelé le «Printemps arabe». Selon des médias arabes, Al-Jazeera va fermer sa «chaîne» américaine Al-Jazeera-America (Ajam) pour des raisons financières. Cette fermeture interviendra en avril prochain. La chaîne a déboursé 500 millions de dollars pour acheter en 2013 sa station américaine auprès de l’ancien vice-président américain Al Gore. Cela dans le but de conquérir l’immense marché américain. Al-Jazeera America a vite ouvert 12 bureaux à travers le vaste territoire américain et recruté quelque 850 employés, dont quelques stars du petit écran américain comme Joie Chen ou John Seigenthaler. L’effectif de «Ajam» représente presque le double des employés de la «maison mère» (Al-Jazeera en arabe). Trois ans plus tard, c’est la désillusion. Cette chaîne n’a pas pu pénétrer le marché américain déjà saturé par les chaînes d'information, Fox News, CNN et MSNBC. Aujourd’hui, le directeur général du groupe avoue que son modèle économique n’est simplement plus viable à la lumière des défis économiques que connaît le marché américain des médias. Et il a raison de le dire, puisque, avec tous les moyens mobilisés, Al-Jazeera America ne capte pas l’intérêt des Américains, branchés ailleurs. En trois ans d’existence, elle n’est regardée que par quelques dizaines de milliers de personnes dans un pays de 300 millions d’habitants. Doté d’un important budget par l’Etat qatari, le groupe Al-Jazeera, un bouquet international, subit donc une cure d’austérité comme d’autres secteurs à cause de l’effondrement des prix du pétrole et du gaz qui ont perdu deux tiers de leur prix. Al-Jazeera, ajoutent les mêmes médias, a déjà fermé ses chaînes en Turquie et aux Balkans, avec bien entendu moins de bruit. Elle a également fermé sa chaîne documentaire. Mais la fermeture de sa chaîne aux Etats-Unis n’est pas passée inaperçue. Les mêmes sources précisent qu’il y aura également une suppression de plusieurs de ses chaînes sportives multilingues. Pour certains spécialistes, ce média de propagande islamiste a d’abord perdu sa crédibilité avant de perdre ses moyens financiers. Longtemps soutenu par l’Etat qatari, ce média devient un véritable gouffre financier qui n’est plus viable économiquement. En perte d’influence à cause de sa complaisance avec les islamistes, l’«empire» médiatique Al-Jazeera s’effondre. Et visiblement, même les dirigeants qataris ont compris que cette chaîne traîne plutôt une réputation qui les dessert. La fermeture de ses antennes et chaînes à l’étranger est-elle un prélude à sa fermeture définitive ?
Sonia Baker