Après avoir émis le vœu de ne plus le voir à l’Elysée : les Français jugeront-ils enfin Sarkozy ?

Les Français ne sont plus en sécurité dans les pays africains où, présents en force, ils se sentaient chez eux, voire se comportaient en maîtres des lieux : Mali, Niger, Burkina Faso… Pourquoi ? Ce sont les Français eux-mêmes qui en donnent l’explication de façon implicite, mais très significative, dans un sondage qui montre qu’ils ont clairement compris que les attentats qui les visent en France et en Afrique ont été provoqués par la politique étrangère de Sarkozy quand il était aux commandes de leur Etat. Ils sont convaincus qu’il est le premier coupable dans ce qu'il leur arrive. Les Français se rendent compte, malheureusement avec retard, que l’aventure engagée par Sarkozy en Libye en 2011, à travers l’agression criminelle contre ce pays souverain et contre son président légitime Mouammar Kadhafi, a été le véritable déclencheur de la série d’attentats qui les frappent où qu’ils se trouvent. Cette guerre faite par les moyens de l’Otan et avec l’aide d’autres pays occidentaux, Sarkozy l’a engagée non pas pour le bien de ses compatriotes, mais pour sauvegarder les intérêts des grandes sociétés françaises en Afrique menacés par les projets que Kadhafi envisageait pour assurer un développement indépendant du continent. Le site AgoraVoxa rappelé un reportage de Russia Today qui donnait, en 2011 déjà, la véritable raison qui a poussé Sarkozy à faire pression sur ses alliés pour s’attaquer à Kadhafi sous le couvert d’une fausse action humanitaire à laquelle l’opinion publique occidentale, intoxiquée par des médias complices, a cru. La thèse évoquée par le reportage de Russia Today vient d’être confirmée, selon AgoraVox,par un email envoyé à Hillary Clinton (alors secrétaire d’Etat) qui révèle que c’est le projet de Kadhafi de créer une monnaie panafricaine basée sur l’or – un danger pour le franc CFA – qui a été à l’origine de l’acharnement de Sarkozy à l’éliminer. Aujourd’hui, au lieu de se faire oublier, l’ex-président français persiste dans sa démarche belliqueuse et dans sa volonté de marquer les esprits. Récemment, au Centre de recherche et d'études stratégiques des Emirats (ECSSR), Nicolas Sarkozy a fait dans la fuite en avant en affirmant que l'Occident est déjà dans une «troisième guerre mondiale» et en cherchant à y impliquer l’Orient, avec pour prétexte, cette fois, Daech dont il a lui-même facilité l’émergence en lançant son aventure en Libye en 2011. Il pousse le cynisme jusqu’à se faire payer pour sa conférence donnée aux Emirats dans laquelle il demande aux Arabes de faire la guerre à Daech à la place des Occidentaux. Une guerre provoquée par sa politique étrangère et dont les retombées touchent le Français moyen dans sa vie quotidienne comme l’ont montré les attentats du vendredi 13 novembre 2015, et l’indiquent chaque jour d’autres tentatives déjouées et les nombreuses arrestations opérées dans d’autres pays européens, mais qui concernent la préparation d’actions terroristes envisagées en France. On comprend parfaitement pourquoi les Français, dans leur écrasante majorité, ne veulent pas d’un va-t-en-guerre comme président. Il faut souhaiter qu'ils poussent leur raisonnement jusqu’au bout et exigent que Sarkozy soit jugé pour leur avoir causé tant de malheurs et de deuils du fait de sa politique étrangère aventuriste qui a créé les conditions du développement des groupes terroristes dans les pays arabes.
Houari Achouri