Oued El-Ma, Hassi Delaâ, Beni Ouartilène : citoyens en colère
Depuis deux jours, les protestations de rue se multiplient à travers le territoire national. Après la marche pacifique à Tigzirt mercredi dernier, trois wilayas ont été secouées par de vives manifestations de populations qui en ont ras-le-bol et qui exigent l’amélioration de leurs conditions de vie. Ainsi, les populations de Oued El-Ma, dans la wilaya de Batna, Hassi Delaâ, dans la wilaya de Laghouat, Beni Ouartilène, dans la wilaya de Sétif investissent la rue pour défendre leurs droits socioéconomiques. A Oued El-Ma, où les manifestations se poursuivent toujours, les habitants s’élèvent contre la décision des autorités locales de délocaliser un projet de construction d’une station de production d’électricité solaire. A cela se sont greffés d’autres problèmes, notamment le chômage endémique qui frappe les jeunes de cette commune, située dans la daïra de Merouana. A Sétif, plus exactement dans la région montagneuse de Beni Ouartilène, les habitants sont également sortis pour exprimer leur colère quant au sous-développement et le manque de commodités nécessaires pour leur vie dans cette région très froide en hiver. La goutte qui a fait déborder le vase bien plein de cette population livrée à elle-même depuis des lustres, c’est la coupure inexpliquée de l’alimentation en gaz naturel de leur commune au moment où elle est couverte de neige et connaît une importante chute de température. Les responsables de la wilaya de Sétif ont commencé par envoyer des renforts (policiers et gendarmes) pour mettre fin à cette protestation. A Laghouat également, les habitants de la commune Hassi Delaâ s’élèvent, eux aussi, contre ce qu’ils qualifient de «hogra». Ils ont empêché le P/APC et tous les élus de rejoindre leurs bureaux au siège de l’APC, les accusant d’être à l’origine de tous leurs problèmes. Ce mécontentement des populations augure ainsi d’une année qui sera difficile, ce que même les membres du gouvernement reconnaissent. Ces contestations populaires risquent de se propager dans d’autres localités déshéritées si nombreuses à travers le territoire national. Ces premiers cris de colère démontrent que les Algériens refusent de payer les «erreurs» et les «errements» de leurs dirigeants qui n’ont pas su utiliser l’argent du pétrole engrangé ces 15 dernières années. L’idée même d’austérité est ainsi rejetée par les citoyens.
Sonia Baker